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    Le Choral au travers de Jean-Sébastien Bach

    L'Ecriture musicale du Maître Jean Sébastien Bach

     

    Les Chorals de Jean-Sébastien Bach et partitions originales

    choral

    Le style musical des chorals s'implique en phrase courte correspondant à des vers généralement de huit pieds. Ils servirent d'expression religieuse à tout un peuple et parurent en de nombreux recueils imprimés au XVIème siècle de par la musique luthérienne. Les premiers recueils de cantiques luthériens fut le Geistliches Gesangbüchlein (Petit livre de chants spirituels, 1524) publié par Johann Walther avec une préface de Lüther : il contenait des poèmes et des chorals de ce dernier.

    Le choral au départ populaire, devint bien vite un élément de la musique savante, selon un double processus d'intégration harmonique et polyphonique qui devait culminer dans les pièdes d'orgues et dans les cantates de Bach. Entre Lüther et Bach J.S., un répertoire musical que presque tous les musiciens et toute le monde connaissait par coeur et dont il savait aussi à quel texte cela correspondait, comme matériau de cantates et oeuvres d'orgue, cela sans donner la moindre impression d'archaïsme ou de "retour à".

    Au XVIème siècle le choral tout comme le psaume, qui en est l'équivalent dans l'église calviniste, fit l'objet d'harmonisations à plusieurs voix, alors qu'à l'origine, il était en principe chanté à l'unisson.

    On trouve de tels chorals harmonisés à la fin de la plupart des cantates de Bach.

    Comme élément de polyphonie, en particulier comme cantus firmus, le choral fut utilisé de très diverses manières, tant à l'orgue que dans le genre cantate, oratorio ou passion, par des compositeurs tels que Hans Leo Hassler, Michael Praetorius, Dietrich Buxtehude, Johan, Pachelbel et bien d'autres musicien de la période baroque et pré-baroque. 

    Jean-Sébastien écrivit les 571 Vierstimmige chorals pour l'orgue et reste de nos jours un outils précieux pour les musiciens à des fins d'étude harmonique et de travail sur le clavier.

    Ici vous trouverez quelques partitions gratuites de ses chorals. C'est ainsi que nous écoutons ici le choral appellé en français : Jésus en Toi que ma Joie Demeure.

     

     

    Voici un beau cadeau sur la toile : tout le livre des 571 Vierstimmige Chorals de version originale de Jean Sébastien Bach en cliquant ICI

     

     

    Voici un des premiers chorals des 571  Vierstimmige chorals dans sa version originale de Jean Sébastien Bach.

     

    Le Choral au travers de Jean-Sébastien Bach

     

    Après Bach, l'écriture du choral pour orgue évoluera et s'étendra finalement à l'orchestre sous la plume de grands compositeurs, notamment Felix Mendelssohn, puis César Franck qui donne à ce genre une dimension symphonique ; et Anton Bruckner, organiste de formation, dont la cinquième symphonie a parfois été surnommée « symphonie chorale » en raison de son usage intensif du choral, confié principalement au groupe des cuivres ; ou encore Gustav Mahler, Charles Tournemire, Jean Langlais, Jehan Alain.

     


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  • MUSIQUE ET MATHEMATIQUE CHEZ J.S. BACH I

     

    Le XVIIè siècle accorde une place fondamentale aux mathématiques, qui intéressaient tout autant les philosophes ou les physiciens que les mathématiciens eux-mêmes. Descartes alla même jusqu'à construire un mathesis universalis. Introduire un ordre rigoureux en musique avait toujours été l'intention des savants de tous les temps. Il est donc naturel que ces idées soient reprises au XVIIè siècle tout imprégné de la pensée antique, néo-platonicienne ou néo-pythagoricienne.

    En 1633, Marin Mersenne publie son Harmonie Universelle que vous trouverez ici (maintenant il ne reste que la première page... dommage !), Descartes, à son tour fait paraître un Abrégé de Musique. A peu près à la même époque, Gassendi compose une Initiation à la Théorie de la Musique, dont le manuscrit ne sera découvert qu'après sa mort. A la recherche de la perfection, Bach, particulièrement dans les dix dernières années de sa vie, s'est tourné de plus en plus vers des expériences spéculatives héritées de cette tradition rhétorique et scientifique, encore très vivace à l'Age des Lumières où le fondement de la musique reste le nombre, le numerus, considéré comme un instrument de l'expression, mais aussi comme symbole.

    MUSIQUE ET MATHEMATIQUE CHEZ J.S. BACH II

     

    MUSIQUE ET MATHEMATIQUE CHEZ J.S. BACH II

    De nombreux compositeurs prirent l'habitude d'insérer dans leurs compositions des formules hermétiques, reflets des mystères de l'Univers.

    Mais c'est le génie de BACH d'avoir su donner au plus haut point un contenu spirituel à ces spéculations, expression d'un ordre nouveau de la musique.

    BACH explora tous les domaines de l'écriture musicale, sans barrière, ni frontières, comme s'il voulait, dans son oeuvre, reconstituer toute l'histoire de la musique.

    Tout l'itinéraire de BACH est marqué par "la théorie des passions", système de figurae et de topoi, hérité de la rhétorique et codifié par le savant jésuite Athanasius Kircher (1601-1680) dans son monumental traité Musurgia Universalis sive Ars Magna consoni et dissoli (1650) repris au siècle suivant par Mattheson : il fallait que les sons ou les phrases musicales, reproduisent les différents sentiments ou passions. Ainsi naquit toute une rhétorique musicale, formant une sorte de lexique sonore dont BACH usa largement.

    L'on remarque que toutes les manières (ou styles) répertoriées par Kircher, auxquelles correspondent des formes ou des situations déterminées sont présentes dans les oeuvres de Bach. Ce concept de "passion" implique que toute oeuvre doit correspondre à une structure bien déterminée, à un fundamentum mathematicum essentiel, dans lequel l'ornementation n'est pas un attribut secondaire, mais reflète au contraire l'harmonie divine.

    MUSIQUE ET MATHEMATIQUE CHEZ BACH II

    Une autre approche consiste à penser que les choix de Bach sont dictés par une logique mathématique supérieure. On peut rappeler la théorie de Smend qui vers la moitié du XXme siècle proposait de chercher le nombre 14 dans l’oeuvre de BACH et d’y voir la somme des rangs des lettres composant son nom (B=2 A=1 C=3 H=8). 

     

    On voit rapidement la limite de telles recherches, 14 peut également être vu comme 2*7 et on retrouve le chiffre sept porteur de nettement plus de sens pour la chrétienté. 

     

    On peut également chercher chez Bach les nombres symboliques. Ainsi dans la passion selon Saint Matthieu au moment de la Cène, Jésus annonce à ses disciples que l’un d’eux va le trahir, le choeur répond : "Herr, bin ichs ?" ("Seigneur, est-ce moi ?" ). Bach ne répète le motif que 11 fois, le traître se tait. 

     

    Extrait du coeur des disciple. « La passion selon St Matthieu » Final

     

     

    Au commencement de La passion selon Saint Jean (cf. Fig 10), des trémolos aux cordes semblent figurer des reflets sur la mer. Si l’on considère la longueur de l’oeuvre (153 mesures), on s’aperçoit qu’elle correspond au nombre de la pêche miraculeuse dans l’évangile selon Saint Jean. Bach placerait l’oeuvre immédiatement dans la perspective du "Christ pêcheur d’homme". 

     

    Début de la « passion selon saint jean » 

     

    Si ces interprétations sont moins spéculatives que les précédentes, les nombres présents chez Bach restent de l’ordre du symbolique. 

     

    Mais on peut aller plus loin, si l’on considère la suite des 6 concerti Brandebourgeois ainsi que des 4 danses succédant au premier, on s’aperçoit que Bach a utilisé la symétrie des nombres pour construire ne serait ce que les proportions de cette suite dont on rappelle le nombre de mesures de chaque partie. 

                              

    Concerto n°    

     
     

     
     

     
     

     
     

     
     

     
     

    3 Mouvements 

     
     

    247 

     
     

    322 

     
     

    233 

     
     

    742 

     
     

    586 

     
     

    301 

     
     

    4 Danses 

     
     

    232 

     
             

     

    L’oeuvre totale compte 2664 mesures soit 23*32*37 en prenant cette dimension, on s’aperçoit du grand nombre de décompositions possibles ainsi que de l’importance des chiffres 2 et 3. 

     

    -Si on additionne les concerti 2 et 3 on trouve 555, les deux concerti sont donc complémentaires. -Les 4 danses qui succèdent au premier concerto ont 232 mesures, il est donc plus naturel de les grouper avec les concerti 2 et 3, on obtient alors 787 mesures. -Les concerti 1 et 4 avec 247 et 742 mesures sont palindromiques et forment une somme de 888 mesures. -Les concerti 5 et 6 ne laissent pas transparaître de relation triviale mais leur somme fait 989 ce qui suit 787 et 888. 

     

    Conclusion 

     

    Il est évident que sorties de toutes considérations musicales, ces relations n’ont pas véritablement d’intelligence mais il devient clair que l’on ne peut plus supposer que Bach négligeait les constructions mathématiques pour ses compositions. On retiendra que plus que les relations arithmétiques, Bach utilise les relations "graphiques" entre les nombres, les symétries et les palindromes qui tiennent en musique. L'on ne peut plus supposer  que Bach négligeait les constructions mathématiques pour ses compositions. On retiendra que plus que les relations arithmétiques, Bach utilisent les relations "graphiques" entre les nombres, les symétries et les palindromes qui tiennent en musique une place importante. 

     


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    LES SUITES DE J.S. BACH

     

     

    Bach, c'est un nom qui ne signifie pas seulement Jean Sébastien Bach mais qui porte en lui septs générations de musiciens créateurs. Dans la famille Bach on est musicien de père en fils et musiciens de talent en plus ! 

    Bach a choisit des épouses douées en musique et sa deuxième épouse l'a beaucoup aidé dans son travail en recopiant toutes ses partitions. 

    Si Bach a eu vingt enfants seuls dix survivront et trois fils réussiront à connaître la gloire. 

     

    Interprété par Mischa Maisky

    1. Prelude - 0:00
    2. Allermande - 2:45
    3. Courante - 7:09
    4. Sarabande - 9:47
    5. Menuet I / II - 13:41
    6. Gigue - 17:38

    Les six suites pour violoncelles seul  de J. S. Bach  (BWV 1007 à 1012) sont un ensemble de six œuvres de Jean Sébastien Bach. 

    Elles sont aujourd'hui considérées comme des classiques incontournables du répertoire du violoncelle moderne. 

    Entre 1717 et 1723 Bach se trouve être le maître de chapelle de la cours du prince Léopold d'Anhalt-Köthen. 

    Les suites pour violoncelle J.S. BACH - BWV 1007 à 1012

     Le prince est musicien et attentionné. Une parenthèse ici pour parler de cette période et de la vie de ce prince ainsi que de celle de J.S. Bach.

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    Données complémentaires :

    Profondément affecté par la mort de son épouse Maria Barbara  et bien qu'il se soit remarié avec une soprano de la cour, Anna Magdalena Wilcke, Bach quitte  Köthen pour Leipzig  en 1723. Les contributions de la principauté à l'entretien de l'armée du roi de Prusse, dans laquelle servait le prince, augmentant, l'épouse du prince, peu mélomane, cherchant à modérer la passion de son mari, l'impossibilté de composer de la musique sacrée pour une cour calviniste et le désir d'habiter une ville universitaire où ses enfants pourront étudier incitent également le musicien à partir.

    Le départ du musicien correspond à une période plus triste du règne de Léopold.

    Les suites pour violoncelle J.S. BACH - BWV 1007 à 1012

    Le prince a épousé en 1721 sa cousine Frédérique d'Anhalt-Bernburg dont vous voyez le portrait ci-dessus, qui pousse son mari à modérer sa passion pour la musique et les dépenses afférentes. Le couple a une fille née en 1721 et prénommée comme sa grand-mère Gisèle-Agnès. La princesse, de santé fragile, meurt le 4 avril 1723 à l'âge de 21 ans. La sœur du prince, Eléonore-Wilhelmine meurt en 1726 des suites de son huitième accouchement. Elle n'avait que 30 ans. Son époux, profondément affecté, décide de ne pas se remarier et cherche à tromper sa tristesse en voyageant à travers l'Europe.

    N'ayant qu'une fille de son premier mariage, Léopold se remarie en 1725 avec Charlotte, fille du prince de Nassau-Siegen. Un fils naît puis une petite fille. La succession semble assurée mais en 1728, une épidémie de variole emporte les deux enfants. Le prince contracte lui-même la maladie et meurt en novembre à l'âge de 34 ans.

    Le père de Maria Barbara,  cousine au premier degré de J.S. BACH était Johan Michael Bach  (1648–1694), est un compositeur  prolifique, organiste  et Stadtschreiber, c'est-à-dire chef de la chancellerie municipale de Gehren. Il meurt alors que Maria Barbara a dix ans. Sa mère, Catharina Wedemann est originaire d'Arnstadt et sœur de la femme de son beau frère, Johann Christoph Bach. Elle meurt en 1704. Maria Barbara est accueillie dans la famille de sa mère, à Arnstadt.

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    Cette période heureuse de la maturité de Bach est propice à l'écriture de ses plus grandes œuvres instrumentales pour luth, flûte, violon (Sonates et partitas pour violon solo), clavecin  (premier livre du Clavier bien tempéré), violoncelle (Suites pour violoncelle seul), et les six Concertos brandebourgeois.

    Cette période tranche avec celle de Mühlhausen et Weimar, de 1707 à 1717 -300 cantates  (cinq années de cycle liturgique), œuvres pour orgue.

    A l'instar du "Klavier", dont on ignore s'il s'agissait du clavecin, du clavicorde ou de l'orgue, l'instrument auquel Bach destinait les suites pour violoncelle est sujet à spéculations : s'il s'agit indubitablement d'une "basse de violon" accordée comme l'est le violoncelle moderne, il est possible qu'il s'agisse d'un instrument proche de la violoncello das spalla, porté à l'épaule. Il est aussi probable que la question de la nature exacte de l'instrument n'était pas d'une grande importante pour Bach.

     

    Il faut voir deux raisons à l'éclipse que subirent les six suites : la faible popularité du violoncelle avant la période romantique, et celle, alors également limitée, de Bach.

    Le voloncelle  resta longtemps cantonné au rôle de faire-valoir ; il faut attendre la deuxième moitié du XVIIIème siècle  pour que soit définitivement supplantée la basse de viole de gambe, et le XIXème siècle  pour que soient acquises au violoncelle ses lettres de noblesse d'instrument soliste et concertant, notamment grâce à Ludwig van Beethoven, Johannes Brahms, Robert Schumann, Edouard Lalo, Jacques Offenbach, Camille Saint Saëns, Antonin Dvorak, Felix Mendelssohn. 

    Bach connut un destin comparable : si les grands classiques que furent Mozart, Haydn  ou Beethoven  connaissaient, étudiaient, respectaient l'œuvre de Bach pour sa perfection formelle et sa maîtrise du contrepoint (et s'en inspiraient), il n'en restait pas moins démodé. Leurs héritiers romantiques, Felix Mendelssohn  en tête, le sortiront de cet oubli pour le placer plus « hors des modes ».

    Malgré la première publication à Paris en 1824, le XIXème siècle ne sonna pas encore l'heure du réveil des Suites : la musique se tournait de plus en plus résolument vers la musique orchestrale, et, de Bach, on jouait alors surtout les passions (Passion de saint Matthieur, Passion selon Sain Jean).

    Le tournant du siècle fut le temps de Wagner, Verdi, Mahler, des orchestres immenses et des opéras gigantesques.

    Le xxe siècle fut plus favorable : Pablo Casals, tout jeune, se prit de passion pour les Suites. Son talent et son interprétation novatrice leur permirent d'acquérir la reconnaissance.

     

    Ces suites sont un élément incontournable du répertoire pour violoncelle, d'abord en raison de leurs qualités musicales, ensuite pour leur intérêt pédagogique et théorique. Bach met en valeur toutes les possibilités polyphoniques de l'instrument.

    L'interprétation des suites fait partie du cursus honorum  du violoncelliste moderne : Pablog Casals, Pierre Fournier, Jacqueline du Pré, Paul Tortelier, André Navarra, Yo-Yo Ma, Mstislav Rostropovitch, Janos Starker, et tant d'autres se sont pliés à l'exercice. Certains interprètes ont attendu la maturité pour enregistrer les Suites : Casals à plus de 60 ans (1936-1939), Pierre Fournier à 54 ans (1961), Navarra à 66 ans (1977), Tortelier à 47 (1961) puis 69 ans (1983), Bÿlsma à 45 et 58 ans (1979, 1992) Rostropovitch à 63 ans (1990), Yo-Yo Ma après 35 ans (1990, 1998). Starker enregistre une première fois les Suites à 33 ans en 1957 et reprend deux autres fois l'œuvre en 1963 et 1983, respectivement à 39 et 59 ans.

    Dans l'ensemble, la difficulté technique modérée des trois premières suites ne fait aucunement obstacle à leur interprétation par tous. Certaines danses sont même parfaitement accessibles dès les premières années du débutant. Dans les conservatoires et écoles de musiques, les suites sont au programme de la majorité des concours et examens.

    Après sa mort beaucoup de ses manuscrits furent perdus, parmi lesquels celui des suites pour violoncelle. Trois copies nous sont parvenues :

    une copie de la main d'Anna Magdalena Bach, sa seconde épouse ;

    une copie de celle de Westphal, organiste à Hambourg  et sans doute son élève : ce manuscrit a la particularité de comprendre un phrasé et des ornements plus précis ;

    une copie de Johann Peter Kellner, l'administrateur et ami de Bach, qui fut maître de chapellel en Thuringe à Grafenrode. Il s'agit de la plus ancienne copie, datée des environs de 1726. Le manuscrit est amputé gravement d'une partie de la cinquième suite. Il pourrait s'agir d'une version antérieure des œuvres, plus tard corrigées par Bach. Le manuscrit Kellner pour sa part contient plus d'ornements que celui d'Anna Magdalena.

    À ces documents précieux s'ajoutent deux copies anonymes plus tardives de la moitié du siècle, qui à l'évidence — coups d'archets judicieux — sont de la main d'interprètes pour leur usage personnel. En outre, il existe la copie de Bach de la version pour luth de la cinquième suite.

    Les six suites suivent un plan de suites de danses  avec ses quatre danses obligatoires : allemande, courante, sarabande et gigue, toutes dans la même tonalité.

    Le plan, somme toute classique, retenu par Bach est :

    un prélude ;

    une allemande, pièce au contrepoint très structuré, ancêtre de l'allegro de sonate ;

    une courante ;

    une sarabande, ancêtre du mouvement lent de la sonate ;

    des « galanteries » (une pièce « double » : menuet, gavotte ou bourrée), qui, pour les trois premières suites, comporte une première partie dans la tonalité principale, et une deuxième dans le mode opposé. Cette pièce est l'ancêtre du troisième mouvement de la sonate (scherzo-trio) ;

    une gigue, ancêtre du mouvement vif conclusif de la sonate.

    Les deux premières suites comportent un menuet, les suites III et IV une bourrée et les deux dernières une gavotte.

    Les suites se démarquent dans l'œuvre de Bach par leur continuité ; il semble probable que Bach lui-même les ait écrites comme un cycle :

    l'ordre des mouvements est particulièrement stable et ne présente aucune irrégularité, y compris dans l'ajout des intermèdes ou galanteries, ce qui ne se retrouve pas dans les autres « cycles » de suites de Bach ;

    la complexité technique augmente de suite en suite ;

    les trois premières suites sont écrites dans des tonalités ne présentant aucune difficulté au violoncelle — sol majeur (les fa dièses sont d'accès aisé à toutes les positions), mineur (si bémol et do dièse) et do majeur (pas d'altérations) ;

    la quatrième suite est écrite en mi bémol majeur, tonalité plus complexe au violoncelle (en particulier à cause du la bémol)

    la cinquième suite ajoute une scordatura ;

    la sixième suite, écrite pour violoncelle à cinq cordes, est la plus virtuose ;

    la richesse émotionnelle progresse, culminant dans les cinquième (la plus sombre, en do mineur) et sixième suites (d'un style plus libre, souvent proche de la cadenza).

    Seuls le second menuet de la première suite, la gigue de la quatrième suite, la sarabande et la seconde gavotte de la cinquième suite (si on ne considère pas l'unisson sol-sol comme un accord) ne comportent pas d'accords.

    Le Prélude est sans doute le mouvement le plus connu de toutes les suites pour violoncelle, car entendu de nombreuses fois à la télévision ou dans les films. Il consiste principalement en une succession d'arpèges.

    Les suites pour violoncelle J.S. BACH - BWV 1007 à 1012

     

     

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    CITATIONS DE JEAN SEBASTIEN BACH

    J'ai beaucoup travaillé. Quiconque travaillera comme moi pourra faire ce que j'ai fait 

     

    La musique : une harmonie agréable célébrant Dieu et les plaisirs permis de l’âme 

     

    Le but de la musique devrait n’être que la gloire de Dieu et le délassement des âmes. Si l’on ne tient pas compte de cela, il ne s’agit plus de musique mais de nasillements et beuglements diaboliques.

     

     Mots et lettres de J.S. BACH ici

    Cela nous semble étonnant aujourd’hui, mais Johann Sebastian (Jean-Sébastien, en français) Bach n’était pas plus apprécié à son époque que Kauffmann, Rolle ou Graupner, ses concurrents au poste de Cantor de Leipzig !

    Le temps a remis les pendules à l’heure : il est à présent considéré comme un des sommets de la musique et souvent désigné comme le « père de la musique » par les compositeurs eux-mêmes.

    De son vivant, il n’était connu que localement, et surtout comme organiste et improvisateur. Après sa mort, sa musique fut vite oubliée car on la jugeait dépassée.

    Le souvenir de son œuvre ne fut entretenu que par ses fils (surtout Carl Philipp Emanuel) et par quelques rares amateurs.

    Cependant, son art du contrepoint impressionna fort Wolffgang Amadeus Mozart  puis Ludwig van Beethoven, oui, celui-ci dernier jouait même par cœur Le Clavier bien tempéré. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle qu’il fut véritablement remis à l’honneur, notamment grâce aux efforts de Félix Mendelssohn-Bartholdy qui fit exécuter la Passion selon Saint Matthieu en 1829 à l’église Saint-Thomas de Leipzig.

    Jean-Sébastien Bach est fasciné par les jeux numériques, notamment par le nombre 14, somme des lettres de son nom (B, 2ème lettre de l’alphabet + A, 1ère + C, 3ème + H, 8ème = 2+1+3+8=14).

    À l’âge de 55 ans (1740), il intègre d’ailleurs une Société savante, mais attend d’en être le 14ème membre, même si Haendel et Telemann en font déjà partie. Cette Société étudie les rapports numériques dans la musique. Les Variations Goldberg (l’Art de la fugue aurait dû en faire partie aussi) sont parmi les « contributions scientifiques » que Bach lui fait parvenir. Sur le portrait peint par Elias Haussmann réalisé à l’occasion de son admission, il présente au spectateur la partition d’un canon en forme d’énigme.

    Le Canon en forme d'énigme de J.S. BACH

     

    Les canons de l'Offrande musicale sont parmi les canons les plus élaborés de l'oeuvre de Bach. Cependant, Bach ne les écrivit que rarement en entier. Il en fait délibérément des énigmes proposées au roi Frédéric. Il était à la mode, à l'époque, de donner un seul thème, complété de quelques indices plus ou moins astucieux. Genre de rébus musical, il fallait « découvrir » (solution) le canon fondé sur ce thème. Voici le canon à l'écrevisse (canon crancrizans en latin, crab canon en anglais).


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    LES TESTAMENTS DE JEAN SEBASTIEN BACH

     

     LE TESTAMENT

     

     DE BACH

     

    Deux œuvres sont généralement reconnues comme les « testaments » de Bach, la Messe en si mineur BWV 232, souvent appelée Opus Ultimum, et l’Art de la Fugue BWV 1080, un mythe voulant que Bach  soit mort la plume à la main en tentant d’achever sa dernière fugue. Une première version de la Messe apparaît dès 1733, puis  Bach ne cesse de la modifier, jusqu’en 1749, peu avant sa mort, où il ajoute de nouvelles pièces au Credo, le moment le plus intense de cette messe.

    Je reprends la division immédiate de ce Credo en pièces de chœurs et arias :

    – 129 mesures de deux pièces de chœurs (45+84)

    –   80 mesures d’une aria en duo

    – 233 mesures de trois pièces de chœurs (49+53+131)

    – 144 mesures d’une aria solo

    – 251 mesures de chœurs en une seule pièce, mais avec des changements de tempo et de tonalité

     

     

     

     

    Ma première analyse portait sur la reconnaissance en 144 et 233 de deux termes consécutifs de la suite de Fibonacci, dont le rapport 233/144 donne 1.61805…, excellente approximation du nombre d’or, de φ, nombre irrationnel dont les premières décimales sont 1.618033…

    Le premier groupe de chœurs totalise 129 mesures, et 129/φ donne 79.73 ; le plus proche entier est 80, qui est précisément le nombre de mesures du duo qui suit.

    Cette répétition du même fameux rapport numérique pour les deux successions chœurs-aria est extrêmement frappante, mais le fait que Bach ait d’abord écrit une version complète du Credo où ce schéma était absent n’aide guère à en tirer de conclusion sûre.

     

    J’examine la question plus en détail sur la page précitée, et j’en viens à l’autre œuvre testamentaire. Si la Messe témoigne de toutes les facettes du génie de BACHen matière de musique vocale, l’Art montre à quel point BACH a creusé la forme musicale qui lui était la plus chère, la fugue. C’est aussi une œuvre à laquelle il a consacré de nombreuses années, dont une partie existe déjà dès 1740, qui a connu divers remaniements, et dont la publication semblait être prévue pour 1749. La maladie et la mort n’ont pas permis cette publication, mais des recherches récentes ont permis d’établir avec exactitude ce que devait être l’Art de la Fugue tel que BACH désirait l’éditer, soit, séquentiellement, 14 fugues intitulées Contrapunctus I à XIV, suivies de 4 canons, la nature des fugues permettant un classement immédiat (je ne fais que reprendre ici celui donné par Davitt Moroney) :

    4 fugues simples construites sur le Grand Thème, soit rectus, soit inversus, totalisant 372 mesures.

    3 fugues plus complexes, mélangeant les formes rectus et inversus, totalisant 230 mesures.

    4 fugues doubles, mélangeant le Grand Thème et un autre thème, totalisant 622 mesures.

    3 fugues très complexes, totalisant 366 mesures écrites, mais la fin de la dernière fugue a été perdue ; on sait néanmoins que la fin perdue aurait au moins 14 mesures et ne saurait excéder une trentaine de mesures

    4 canons enfin, totalisant 372 mesures.

     

    Le premier point, c’est le rapport d’or parfait entre les deux premiers groupes, 372/φ donnant 229.9…, s’arrondissant à 230.

    C’est une première ressemblance avec le Credo, où les deux premiers groupes de pièces sont également en rapport d’or, 129/80, et je redonne les nombres de mesures des deux œuvres en vis-à-vis :

     

    Credo

    Art

    129

    372

      80

    230

    233

    622

    144

    380 à 396 ?

    (251)

    (372)

     

    Les 233 mesures du groupe suivant excédaient légèrement le total des pièces précédentes, 209, et c’est encore le cas pour l’Art où les 622 mesures des 4 fugues doubles excèdent de peu les 602 mesures des fugues précédentes. Le rapport 233/144 du Credo était idéalement d’or, et 622/φ donne 384.4…, s’arrondissant à 384, dans la fourchette envisagée.

    J’étudierai plus loin les cinquièmes groupes de 251 et 372 mesures qui ont un rôle à part dans les deux œuvres, et je reviens sur la possibilité précédente. Les 3 fugues très complexes sont deux fugues « miroir » à 4 et 3 voix, de 56 et 71 mesures. Chacune de ces fugues est écrite deux fois, la seconde résultant dans chaque voix du renversement exact d’une voix de la première. Pour ce qui importe ici, on peut choisir de comptabiliser les mesures de chaque fugue deux fois, auquel cas il ne faut plus songer à un rapport d’or entre les 7 dernières fugues, mais on peut choisir aussi de ne compter chaque fugue qu’une fois, car BACH n’a pas écrit deux fugues de 56 mesures, par exemple, mais une seule fugue pouvant se lire de deux façons. Dans d’autres occasions, L’Offrande musicale par exemple, BACH  a utilisé la même technique mais en n’écrivant qu’une seule fois la pièce, avec deux clefs sur chaque portée.

    On peut choisir également de considérer que la question n’a aucune importance, car dans ce cas aussi les multiples modifications de l’œuvre induisent à penser que BACH ne se référait nullement à un schéma numérologique préétabli… Cependant, après avoir découvert que 6 des 8 groupes ci-dessus (129/80, 233/144, 372/230) correspondent on ne peut plus immédiatement à des rapports d’or idéaux, une saine curiosité me semble commander d’étudier ce que devient l’Art si les deux groupes restants formaient parallèlement un autre rapport d’or idéal, si le dernier groupe comptait 384 mesures, soit 257 mesures pour la Fugue 14, 18+1 mesures pour la fin perdue de cette fugue (en comptant la mesure incomplète achevant le manuscrit).

     

     

     

    Voici donc quelques conséquences de l’hypothèse Fugues 12-13-14 = 384 mesures :

    – Il existait un rapport arithmétique non immédiat entre les 251 mesures du Confiteor et les autres parties du Credo. Ici apparaît une égalité immédiate entre les 372 mesures des 4 canons et les 372 mesures des 4 premières fugues, or, puisque ces 4 premières fugues sont en rapport d’or avec les 3 suivantes, il s’ensuit que le groupe des 7 premières fugues est en rapport d’or avec les 4 canons, en excellent rapport car :

    (372+230)/372 = 1.61827… (meilleur que 372/230 = 1.61739…)

    – Si les 7 autres fugues sont aussi en rapport d’or, alors les 18 pièces de l’Art de la Fugue, dans l’ordre  selon lequel BACH désirait les éditer, offrent une section d’or idéale après la Fugue 11, avant les tours de force des fugues très complexes, soit :

    11 fugues (4+3+4) comptant 372+230+622 = 1224 mesures

    7 fugues et canons (3+4) comptant 384+372 = 756 mesures

    1224/756 se simplifie en 34/21 (nombres de Fibonacci) = 1.61904…

    – Les 18 pièces totalisent 1980 mesures, ce qui permet d’imaginer une moyenne exacte de 110 mesures par pièce. Le partage d’or idéal de 18 est 11 et 7, souligné ici par les groupes alternant 4 et 3 pièces (7 se partage de même en 4 et 3). Il aurait été joli d’avoir un partage selon cette moyenne en 11 pièces = 1210 mesures (11 x 110) et 7 pièces = 770 mesures (7 x 110), il l’est bien davantage que les totaux correspondant au partage d’or idéal de 1980 diffèrent de 14 de ces moyennes, 14 largement accepté comme signature de BACH

     

     

         

    Je n’insiste pas sur l’hypothétique et reviens au certain, les rapports d’or parfaits entre les groupes des 4 premières fugues (372), des 3 suivantes (230), et des 4 canons (372). Les rapports entre ces groupes ne sont pas seulement numériques, ils sont aussi musicaux car les pièces de ces groupes sont les seules basées sur un seul thème, avec une corrélation supplémentaire : dans le dernier canon la deuxième voix reflète la première en miroir, deux fois plus lentement, ce qui est fort proche de la Fugue 7 qui imbrique thèmes rectus et inversus en augmentation et en diminution.

    Ces 11 pièces formant un ensemble cohérent de 3 groupes cohérents permettent donc de construire un ensemble d’or idéal de 974 mesures, autour de ses deux points d’or mineur et majeur grâce aux possibilités 4-3-4 et 372-230-372. Ce schéma se complique du fait qu’il existe un autre sous-groupe de 372 mesures : parmi les 4 doubles fugues (8-9-10-11 de 188-130-120-184 mesures), les Fugues 8 et 11 totalisant 372 mesures sont basées sur les mêmes thèmes, en renversement (les interprètes jouent fréquemment ces deux fugues successivement).

    C’est évidemment frappant d’avoir trois groupes de 372 mesures, mais, comme il l’a été dit plus haut, la seule certitude est que rien ne laisse présumer ces futures égalités dans les ébauches de l’Art de la Fugue, ébauches pourtant si élaborées que certains estiment que la version du manuscrit P200 en 14 pièces, 12 fugues et 2 canons, était suffisamment achevée pour être publiable vers 1745.

    Cet avis n’engage que ceux qui l’émettent puisque BACH n’a pas publié cette version.

     

    Un fait tangible est l’édition posthume en 1751 de l’Art de la Fugue, qui pendant près de deux siècles a constitué le seul accès à l’œuvre pour la quasi-totalité des musiciens, à l’exception des rares personnes qui pouvaient consulter les manuscrits originaux.

    Si cette édition offre diverses incohérences, elles sont si manifestes que tout musicien pouvait les repérer aisément et écarter les pièces ajoutées par l’éditeur pour restituer les 14 fugues prévues par BACH. La fantaisie de cette édition pouvait amener à écarter également les 4 canons, qu’avaient-ils à faire dans un Art de la Fugue ? Un fabuleux hasard fait que les 14 fugues, telles qu’elles ont été éditées, révèlent une possibilité d’architecture d’or en formidable corrélation avec d’autres harmonies rencontrées précédemment.

     

     

     

    La première étape a déjà été vue. Notre musicien théorique n’aurait aucune difficulté à repérer la logique présidant à l’ordre des 7 premières fugues, et leur découpage qui s’impose en 4+3. Pour peu qu’il soit versé dans les harmonie d’or, il découvrirait le parfait rapport des 372 et 230 mesures correspondant à ce découpage.

    La seconde étape vient d’être envisagée. Notre musicien qui n’a aucune confiance dans l’ordre établi par l’éditeur est logiquement amené à grouper les Fugues 8 et 11, qui sont non seulement basées sur les deux mêmes thèmes mais dont l’élément le plus caractéristique est un contresujet entêtant, également repris en renversement dans la Fugue 11. Ces Fugues ne sont pas loin d’être des triples fugues, à trois thèmes (et c’est ainsi que Davitt Moroney les classe) ; il serait tentant de placer en tête la Fugue 11, car c’est elle qui présente la forme normale du Grand Thème, renversé dans la Fugue 8. Ayant groupé les 372 mesures de ces « triples fugues », l’amateur doré s’émerveillera de les voir compléter le schéma 372-230 précédent.

    Restent deux doubles fugues totalisant 250 mesures, les deux fugues miroirs totalisant 127 mesures (toujours en ne comptabilisant qu’une forme de chacune), et la « Fugue à trois sujets » inachevée comptant 233 mesures en l’état. Là réside un double miracle car 233 est le 13e terme de la suite de Fibonacci, et les 4 autres fugues totalisent 377 mesures, le terme suivant de la suite, ce qui signifie d’abord que le rapport 377/233 est une excellente approximation du nombre d’or, à 5 millionièmes près.

    Nous savons aujourd’hui combien ces 233 mesures de la dernière fugue sont loin de révéler une quelconque volonté numérique de quiconque : le manuscrit de BACH allait jusqu’à la 239e mesure, mais l’éditeur parvenu à une fin de page n’a pas jugé utile de gaspiller une nouvelle page pour les 6 dernières mesures qui avaient pourtant un intérêt musical certain. Nous connaissons également depuis peu la structure exacte prévue par BACH pour son Art de la Fugue, qui inclut les 4 canons et n’autorise guère le groupement des 4 fugues totalisant le miraculeux 377, mais ces informations étaient jadis inaccessibles, et la découverte de la parfaite harmonie des 14 fugues telles qu’elles se présentent dans la première édition aurait pu mener à une telle vénération qu’aucun élément contradictoire n’aurait convaincu les plus chauds adeptes de la possibilité d’une série de hasards à l’origine de cette harmonie. Ainsi actuellement, alors que le bon sens dicte que BACH avait fini sa Fugue 14 sur un feuillet ensuite égaré, divers théoriciens soutiennent que BACH aurait délibérément laissé cette fugue inachevée à 239 mesures, essentiellement pour des raisons numérologiques qui divergent selon les théoriciens.

    Je ne suggère nullement que ces divergences démontrent l’inanité des diverses théories, et c’est d’ailleurs parce qu’une de ces théories m’a semblé si cohérente que je me suis lancé à mon tour dans l’exégèse bachienne. Mais précisément la seule conviction que j’ai tirée de cette étude est qu’on ne peut que constater les équilibres numériques dans les œuvres réelles ou supposées de BACH  toute déduction normalement logique en demeurant fort périlleuse.

     

    Bref, le « miracle » de la première édition, avec tous les guillemets qui s’imposent, ne s’arrête pas au premier constat des harmonies 372-230-372 et 377-233. Voici d’autres conséquences révélées en première analyse :

    – Selon l’approche décrite plus haut (d’autres sont possibles puisque trois groupes de pièces totalisent 372 mesures), ce sont les deux Fugues 8 et 11 qui représentent la section d’or exacte des 7 premières fugues, et la Fugue 14 celle des 4 autres fugues, or ces Fugues 8, 11 et 14 sont les trois seules à pouvoir être considérées comme des triples fugues. Trois triples fugues, alors que Pacioli, antérieurement à BACH  a qualifié la proportion d’or de « divine » car s’appliquant à une trinité d’éléments. Par ailleurs des possibilités  effectives d’harmonie dorée apparaissent dans d’autres triples fugues, ainsi John O’Donnell a vu et publié en 1976 une telle possibilité dans la triple fugue BWV 552 concluant la Clavier Übung III ; j’ai montré  que BWV 883b, la seule triple fugue parmi les 48 du Clavier bien tempéré, était aussi celle dont le nombre de mesures était le plus immédiatement en rapport d’or avec celui de son prélude.

    – Un autre point remarquable unit ces supposées « triples fugues ». On sait que la Fugue 14, ou Fuga a 3 soggetti selon la désignation éditoriale, a pour troisième thème (et donc dernier en l’état) le fameux thème débutant par les notes BACH , or le contresujet qui peut être assimilé au troisième thème de la Fugue 11 est également fondé sur des écarts équivalents à ceux des notes BACH ; de fait le second « thème » de ce type mesure 90 débute par les notes BACCCH. Fort logiquement ce thème renversé dans la Fugue 8 fait apparaître à plusieurs reprises les notes HCCCAB. Ces thèmes sont les seuls, non seulement de l’Art de la Fugue mais de toute l’œuvre de BACH  (à en croire les spécialistes du moins), à faire entendre la succession BACH  dans l’ordre normal ou renversé.

    – Les 3 triples fugues totalisent 605 mesures, en rapport d’or avec les 979 mesures des 11 autres fugues. 979 est un multiple de 11, et c’est 11 fois 89 qui est le 11e terme de la suite de Fibonacci. Les deux relations d’or 602/372 et 377/233 étant idéales, on ne sera pas surpris de constater que 605 n’est autre que 11 fois 55, 10e terme de la suite de Fibonacci, et que la somme 1584 pour les 14 fugues correspond à 11 fois 144, 12e terme de la suite de Fibonacci. Les amateurs de relations d’or s’intéressent d’abord à celles mettant en jeu les nombres de Fibonacci et leurs multiples, ce qui m’a amené à qualifier de « miraculeuse » la relation basée sur les 13e, 14e et 15e termes de Fibonacci 233, 377 et 610, et il est encore tout à fait remarquable que cette relation se fonde dans un ensemble basé sur la triade précédente 55-89-144.

    C’est d’autant remarquable que, selon l’alphabet numérique employé par les numérologues bachiens, 144 correspondrait au titre même de l’œuvre tel que le désirait  BACH, KUNST DER FUGE. Sur ma page Kunst des BACH j’étudie à quel point ce titre de 12 lettres est proche du Thème principal de l’œuvre, et je mentionne avant d’avoir découvert le schéma des 11x(89+55) mesures des 14 Fugues de l’édition de 1751 que le découpage doré idéal des 12 lettres en 7+5 conduit à KUNSTDE = 89 et RFUGE = 55.

    – Il y a enfin le fantastique parallèle avec l’autre « testament », le Credo dont la structure est assurée, qu’elle soit ou non délibérée : une première relation d’or non fibonaccienne, 129/80, puis une relation fibonacienne 233/144. Une séquence comparable apparaît dans l’édition de l’Art de la Fugue (602/372 et 377/233, la paire fibonaccienne qui suit 233/144), avec une autre possible corrélation : DEUX fugues complémentaires correspondent au DUO de 80 mesures, UNE fugue correspond à l’Aria SOLO de 144 mesures.

     

    J’ai été le premier bouleversé de ces possibilités de lecture de l’édition de l’Art de la Fugue, au point de rester longtemps bloqué dans la rédaction de cette étude commencée le 17 janvier.

    Le déblocage est la conséquence d’une autre découverte bouleversante, laquelle m’a forcé à m’y remettre, sous peine d’être totalement dépassé par de futures remises en cause.

    Je comptais bien parler du livre BACH ou la passion selon Jean Sébastien  De Luther au nombre d'or, où Guy Marchand  étudie notamment des pièces du Credo et de l’Art de la Fugue, mais ne s’intéresse qu’aux harmonies internes à une même pièce. C’est un choix, mais sa pertinence est fort contestable puisque de bien meilleurs rapports apparaissent en étudiant des pièces consécutives, et l’historique de plusieurs cas remarquables, notamment ceux des « Testaments », montre que ces harmonies ne peuvent être intentionnelles.

    Mais je laisse de côté le contenu de cette « première monographie consacrée au nombre d’or chez BACH » pour en venir à un faisceau de coïncidences « péritextuelles », liées à l’édition de ce texte.

    Ce 6 avril, j’ai retrouvé un papier sur lequel je m’étais livré à de petits calculs gématriques sur les noms de l’auteur et de la collection l’ayant publié, en employant l’alphabet actuel :

    GUY MARCHAND = 53 + 62 = 115

    UNIVERS MUSICAL = 108 + 78 = 186

    J’y cherchais, justement comme Guy Marchand, des rapports internes à chaque expression, or c’est entre les deux qu’il existe un rapport optimal (186/115 = 1.617) qui m’a sauté aux yeux ce jour alors que je ne l’avais pas perçu quand j’avais fait les calculs. Du coup je me suis intéressé au nom de la directrice de la collection Univers musical :

    ANNE-MARIE GREEN = 80 + 49 = 129

    C’est encore un rapport d’or optimal, et l’étude des suites 49-80-129 et 115-186-301 m’amène à considérer leur moyenne 82-133-215. J’avais noté que le format de cette collection Univers musical, 215x135 mm, était proche d’un rectangle d’or, et la proximité avec cette suite m’a poussé à vérifier ce résultat : 215x135 est bien le format extérieur du livre, mais les dimensions d’une page intérieure, mesurées en insérant une feuille en divers points où la reliure n’a pas été cassée, sont objectivement 215x133.

     

    Je n’essaierai pas de justifier ces calculs qui ne sont guère interprétables, à moins d’imaginer qu’une Anne-Marie atteinte de fièvre de l’or ait épousé un monsieur 49 en harmonie avec son prénom, puis ait créé cette collection Univers musical dans le seul but d’y publier un essai sur le nombre d’or signé d’un quidam 115…

    Même cette loufoquerie ne pourrait rendre compte de coïncidences annexes. Si j’ai reconnu immédiatement en 186/115 un rapport d’or optimal, c’est que j’avais cette étude en cours sur l’Art de la Fugue débutant par une parfaite relation entre 372 et 230, doubles de 186 et 115.

    Et je mettais cette relation en parallèle avec celle non moins parfaite entre 129 et 80, ouvrant le Credo, les nombres mêmes de Anne-Marie Green ! J’explique combien cette relation est remarquable car les 80 mesures du Duo y sont suivies des 49 mesures du Et incarnatus est ajouté tardivement, composé sur la dernière partie du texte du Duo original, dont la première partie a été redistribuée pour correspondre à la musique. De plus cette pièce de 49 mesures est étudiée par Marchand, qui la voit partagée selon le nombre d’or, comme la Fugue 1 débutant l’Art de la Fugue.

     

    Je préfère ne pas épiloguer, tant il y a encore d’autres résonances. La responsable de l’édition d’un livre sur le nombre d’or ayant son nom en rapport d’or, ceci m’a immédiatement rappelé quelque chose. En 1988 est paruNOMBRE D'OR ET MUSIQUE , compte-rendu d’un COLLOQUE INTERNATIONAL  dirigé parJean-Bernard Condat. Dans sa préface, celui-ci remarquait que les valeurs de ses prénom et nom, calculées selon la méthode d’un des intervenants, étaient en rapport d’or :

    JEAN-BERNARD  CONDAT = 92 + 57 = 149 (92/57 = 1.614, 149/92 = 1.619)

    J’ai lu en détail ce livre dont seules les contributions touchant à la musique moderne m’ont convaincu. Pour le reste, et notamment pour BACH (dans une analyse reprise par Marchand), les arguments me semblent fort ténus, mais je n’y insiste pas.

    L’an dernier, Condat est apparu dans une coïncidence relatée  Ce nouvel épisode me conduit à me renseigner plus avant et apprendre que ce personnage  serait un agent de la DST, ayant fondé en 89 le CCF (Chaos Computer Club France) pour attirer vers lui les hackers, afin de les ficher… Je commence à me demander si le nombre d’or ne concernerait pas la sécurité nationale, ou supranationale, puisque les informations sur ce louche individu l’associent également à des services étrangers. De fait l’hypothèse d’une même manipulation à l’origine de la parution de ces deux livres sur le nombre d’or en musique, les seuls à ma connaissance, est la plus rationnelle que je puisse imaginer, mais elle reste insuffisante à rendre compte de tous les aspects de l’affaire.

     

    Au départ de cette étude, je comptais conclure sur les coïncidences entre les relations d’or envisagées et les spéculations de Van Houten dans BACH et le nombre, selon lequel l'initié BACH aurait su depuis longtemps la date exacte de sa mort et l’aurait codée de diverses manières dans son œuvre, en l’associant souvent à sa date de naissance.

    J’ai déjà pointé ce fait étonnant que BACH est né le 80e jour d’une année, un 21 mars, ce qui correspond à la petite section d’or du jour de sa mort, le 209e ou 28 juillet. Van Houten voit ces nombres présents dans les premières pièces du Credo, avec leurs 129 + 80 = 209 mesures.

    Le nombre le plus significatif de la mort de BACH est selon Van Houten 372, soit la date 1750 dans « l’ère rosicrucienne », autre concept clé du livre, or le point le plus fort de mon parallèle entre les deux testaments est la corrélation entre les deux relations d’or les débutant : 209 = 129+80 et 602 =372+230.

    Je comptais étudier les abondantes spéculations de Van Houten autour des diverses occurrences de 372 en soulignant les étonnantes possibilités de réinterprétation dorée de presque toutes ces spéculations, mais le tour nouveau imprimé à cette étude par les découvertes relatées plus haut me pousse à laisser de côté cette exploration. Les gématries vues plus haut semblant également en résonance avec ces deux relations d’or, j’ai eu la curiosité de m’intéresser au nom de la directrice de la collection Musique-Musicologie dans laquelle est paru BACH et le nombre :

    MALOU  HAINE = 62 + 37 = 99

    Ce n’est pas une relation optimale, mais ce n’en est pas loin. Attendu que presque chaque page de ce livre fait appel à des équivalences gématriques utilisant « l’alphabet bachien », j’ai eu la curiosité de recalculer avec cet alphabet (ou i-j sont confondus, ainsi que u-v). Non seulement Malou Haine est-elle alors idéalement proportionnée, mais Condat et Green le demeurent, et les rapports pour les trois noms appartiennent à une même suite additive, la suite de Lucas, la suite additive la plus connue avec celle de Fibonacci (1 3 4 7 11 18 29 47 76 123 …) :

    JEAN-BERNARD  CONDAT = 87 + 54 = 3 x (29 + 18) 

                         MALOU  HAINE = 58 + 36 = 2 x (29 + 18)

             ANNE-MARIE  GREEN = 76 + 47 = 1 x (76 + 47)

    L’ordre est ici celui des publications en français (88, 92, 03, le Van Houten ayant été partiellement publié en hollandais en 85), ce qui révèle une progression effective de la qualité des rapports dorés. J’observe encore que c’est le livre publié par Green qui constitue la cheville entre les deux autres ouvrages : le Condat et le Green sont les deux seuls ouvrages consacrés au nombre d’or en musique, le Haine et le Green sont, au moins en français, les deux seuls ouvrages consacrés à une thèse numérologique sur BACH .

    Condat déclarait dans sa préface avoir utilisé la méthode de JJ Dufourcq pour calculer les valeurs de ses prénom-nom, mais il a adapté la méthode à l’alphabet actuel de 26 lettres alors que Dufourcq utilisait l’alphabet « bachien » de 24 lettres dans sa contribution à Nombre d’or et musique.

    Toute hypothèse raisonnable me semblant de plus en plus éloignée, je constate encore que ma première page sur BACH , achevée le 11/12/01, mentionnait dans ses premières lignes que le premier recueil du Clavier bien tempéré s’achève sur un Prélude et Fugue en 47 et 76 mesures (Green + Anne-Marie), et que le recueil compte en tout 2088 mesures, pouvant se factoriser 36 x 58 (Haine x Malou).

     

    Ecrit par Rémi Schulz, le 16/04/06

     

     Voir le site :  http://remi.schulz.club.fr/bach/testaments.htm

    Suite dans la rubrique BACH Jean Sébastien


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