• ARVO PART

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  • Arvo Pärt naît à Paide le 11 septembre 1935 en Estonie. Ses parents divorcent alors qu'il n'a que trois ans et sa mère l'emmène vivre chez son nouveau compagnon à Rakvere, au nord-est de l'Estonie.

    Là, entre sept et huit ans, il suit des cours de musique après l'école et apprend les bases du piano et de la théorie musicale. À la maison, il ne dispose que d'un vieux piano à queue dont seuls les registres extrêmes peuvent être joués convenablement ; cela le pousse à l'expérimentation et à inventer ses propres œuvres.

    Adolescent, il écoute toutes sortes de musiques à la radio mais il est plus particulièrement intéressé par la musique symphonique. Il écoute notamment les programmes de la Radio finlandaise  qui pouvaient être captés assez clairement dans le nord de l'Estonie. On raconte même qu'il tournait en rond sur la place de la ville alors que les concerts symphoniques y étaient diffusés via des haut-parleurs , à vélo, pour ne pas rester statique et ne pas éveiller les soupçons.

    Bien que le piano soit son instrument de prédilection et qu'il en joue parfois en concert comme accompagnateur, il pratique aussi le hautbois  dans l'orchestre de son école, les percussions dans un groupe de danse et chante dans le chœur de son école. Progressivement, il passe des improvisations au clavier à des compositions plus formelles qu'il commence à noter vers quatorze ou quinze ans. Vers ses 17 ans, il présente Meloodia, pièce pour piano qu'il compose pour un concours de jeunes artistes. Sa pièce est remarquée mais, sans doute à cause d'un manque évident de racines ou d'influences estoniennes, il ne remporte aucun prix. Pärt se rappelle qu'elle était dans le style de Rachmaninov mais qu'elle n'avait rien de personnel.

    Arvo Pärt entre en 1954  à l'École secondaire de musique de Tallinn et compte parmi ses professeurs Harry Otsa.  Il y étudie la théorie musicale, la composition, le piano, la littérature musicale, l'analyse et la musique populaire. Cet apprentissage est interrompu après quelques mois seulement par le service militaire obligatoire au cours duquel il joue de la caisse claire et du hautbois dans la fanfare. Ces deux années sont vécues comme une souffrance et il contracte une maladie rénale qui compromettra sa santé pendant plus de dix ans.

    Il retourne à l'École secondaire de musique de Tallinn pour l'année académique 1956-57 avec Veljo Tormis pour professeur et assimile facilement toute idée nouvelle (dont le dodécaphonisme), particulièrement le peu de musique occidentale qu'il peut entendre. Il fait déjà preuve d'un talent évident et naturel pour la composition ; un de ses compagnons d'étude, Ave Hirvesoo, déclare même qu'il « semblait secouer sa manche et des notes en tombaient ».

    Il entre au conservatoire de Tallinn  à l'automne 1957  où il étudie avec Heino Eller. Les programmes obligatoires comportent également l'économie politique, l'histoire du Parti communiste  et la « science de l'athéisme ». Parallèlement, il trouve un emploi d'ingénieur du son à la radio estonienne, poste qu'il occupe de 1958 à 1967. En 1962, l'une de ses compositions écrite pour chœur d'enfants et orchestre, Notre jardin (1959), le fait connaître dans toute l'Union soviétique  et lui permet de remporter le Premier Prix des jeunes compositeurs de l'URSS.

    A cette époque il est quelque temps directeur musical du Théâtre des Pionniers  de Tallinn et compose de la musique pour le théâtre, particulièrement des pièces pour les enfants et les marionnettes (Quatre danses faciles pour le piano, Cinq chansons enfantines) ; il reçoit également de nombreuses commandes de musiques de film. Quand il sort diplômé du conservatoire de Tallinn en 1963, sa carrière professionnelle de compositeur est déjà bien amorcée.

    Au début des années 1960, il s'initie à la composition sérielle,  dont relèvent ses deux premières symphonies ; cela lui attire immédiatement d'importantes inimitiés, la musique sérielle étant considérée comme un avatar de la décadence bourgeoise occidentale. Tout aussi incorrectes politiquement dans le contexte soviétique, ses compositions d'inspiration religieuse, ainsi que sa technique du collage un temps utilisée, limitent considérablement le rayonnement de son œuvre.

    En 1968, en proie à une crise créatrice, et à la suite de la censure par le régime communiste de son œuvre Credo, Arvo Pärt renonce au sérialisme et plus globalement à la composition elle-même, et ce durant une dizaine d’années, temps qu'il consacre à l'étude du plain chant grégorien  et à celle de compositeurs médiévaux français et flamands tels que Guillaume de Machaut, Ockeghem, Obrecht et Josquin des Prés.  Ces études et réflexions aboutiront à l'écriture d'une pièce de style intermédiaire, la Symphonie n°3 (1971).

    Son évolution stylistique est notable en 1976 avec la composition d'une pièce pour piano devenue célèbre, Für Alina,  qui marque une rupture avec ses premières œuvres et qui pose les jalons de son nouveau style, qualifié par lui-même de «style tintinnabuli ».

    L'auteur l'explique ainsi : « Je travaille avec très peu d'éléments - une ou deux voix seulement. Je construis à partir d'un matériau primitif - avec l'accord parfait,  avec une tonalité spécifique. Les trois notes  d'un accord parfait sont comme des cloches. C'est la raison pour laquelle je l'ai appelé tintinnabulation ».

    L'année suivante, Pärt écrira dans ce nouveau style trois de ses pièces les plus importantes et reconnues : Fratres, Cantus in Memoriam Benjamin Britten et Tabula rasa. 

    En 1980, accompagné de sa famille, il quitte son pays où il est en proie à la censure pour Vienne où il obtient la nationalité autrichienne.  

    L'année suivante il part pour Berlin Ouest.  De fréquents séjours le conduisent près de Colchester dans l'Essex. Il revient ensuite en Estonie et vit désormais à Tallinn.

    Son succès jamais démenti dans tout l'Occident, et particulièrement aux Etats Unis, a pour inconvénient de le ranger dans la catégorie des compositeurs « minimalistes mystiques », avec Henryk Gorecki et John Tavener.  En 1996, il devient membre de l'Académie américaine des arts et des lettres. 

    Créateur d'une musique épurée, d'inspiration profondément religieuse — il est de confession chrétienne orthodoxe,  et les chants orthodoxes ainsi que les chants grégoriens  ont influencé son style sur la modulation lente des sons —, associée par certains à la musique postmoderne, Arvo Pärt creuse à présent le sillon de son style tintinnabuli.

    Ses œuvres ont été jouées dans le monde entier et ont donné lieu à plus de 80 enregistrements, ainsi qu'à de très nombreuses utilisations pour l'illustration sonore de films et de spectacles de danse.

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