À l’orée du XXe siècle Arnold Schering, ayant eu connaissance de pièces conservées à Dresde — où elles avaient probablement été apportées par Pisendel — prit conscience de l’importance déterminante de Vivaldi dans la naissance et le développement du concerto soliste. En 1905, le célèbre violoniste Fritz Kreisler fit passer un pastiche de sa composition pour une œuvre de Vivaldi. En 1913, Marc Pincherle décida de consacrer sa thèse de doctorat à ce musicien alors totalement inconnu du grand public. Le travail fut interrompu par la Première Guerre mondiale.
Cependant, la découverte fortuite des manuscrits de Turin pendant les années 1920-1930 vint opportunément sortir de l’oubli un lot énorme de partitions tant instrumentales que religieuses et lyriques. Bientôt érudits et musiciens commencèrent à s’intéresser réellement à cette œuvre monumentale : établissement de catalogues, édition critique par la maison Ricordi, et interprétation des œuvres, instrumentales dans un premier temps, puis religieuses.
En 1939 fut organisée à l' Academia Chigiana de Sienne, sous la direction artistique d'Alfredo Caselia et la collaboration d'Olga Rudge et Ezra Pound, une Settimana Vivaldi (Semaine Vivaldi) où fut représenté l’opéraL’Olimpiade : ce fut la première reprise d’un dramma per musica de Vivaldi depuis deux siècles. D’autres œuvres débutèrent à cette époque leur carrière moderne, entre autres le Stabat Mater et le Gloria RV 589. Mais, la Seconde Guerre mondiale survenant, cette initiative n’eut pas de suite immédiate.
Un extrait d'une LETTRE d'Antonnio Vivaldi datée de décembre 1736.
Voici la lettre qu'écrivit Antonio Vivaldi à Marchese Guido Bentivoglio.
Excellence,
Les sentiments très excellents que votre Excellence a choisi pour conclure votre lettre très estimée me font sentir que votre mémoire est vive et conséquence de votre grande bonté. Je suis incapable d'exprimer la joie qui m'anime à cette lecture. Je ne puis déranger indûment votre Excellence. Permettez-moi de soumettre à votre prudente considération une petite affaire qui a surgit et que j'ai essayé au mieux de ne pas mettre en place.
Dans un moment d'exubérance l'Abbé Bollani m'a amené à lui promettre d'organiser deux opéras Ginevra et l'Olympiade et d'adapter leurs récitatifs pour son entreprise pour le vil prix de six sequins chacun. Dès son retour à Ferrare, il m'a harcelé pour lui donner Ginevra tout de suite. J'ai immédiatement pris les copies afin de les rassembler et de les envoyer à votre Majesté comme en gage de sincérité : les pièces pour Moro et le ténor sont encore dans ses mains. Dès que j'eus terminé, je reçu encore un ordre me demandant ensuite Demetrio au lieu de Ginevra. J'ai obtenu de C. ce qui avait été copié (...) Je dois faire savoir à Votre Excellence que j'ai conclu un accord avec l'imprésario qu'il doit payer en plus des six sequins, la copie des pièces instrumentales et pièces vocales. J'avais complètement arrangé Demetrio. J'ai eu l'instrumental et le vocal copié avec obligation de tous de les apprendre par coeur et à tenir trois répétitions. Je l'ai ensuite informé que j'avais dépensé 50 lires pour avoir les pièces instrumentales et vocales de Ginevra et Demetrio copiées et parcequ'ils comptaient seulement 30 lires pour cela, j'ai alors écrit dix lettres sans avoir jamais reçu une réponse afin de me payer la différence c'est à dire 20 lires....
C'est ainsi que l'on voit ici Vivaldi défendre ses oeuvres qui déjà à l'époque étaient très demandées mais de façon à l'exploiter. Ceci est une traduction du début de cette lettre. Il confie ensuite sa situation financière dans les mains de son Excellence afin que celle-ci réagisse à la pression dont il fait l'objet notamment.