La guerre a eu une influence dévastatrice sur la vie de Ravel. Il croyait que le devoir de tout artiste était de participer à tout effort consenti pour la nation. Disqualifié pour le service militaire alors qu'il tenta d'être enrôlé dans l'aviation, il devint un conducteur dans le corps de transport motorisé. À l'été de 1916, il ressentit l'urgent de besoin de composer alors qu'il avait la conviction qu'il était en pleine possession de ses pouvoirs. Il fut atteint de dysentrie et dut revenir à Paris afin de pouvoir récupérer. Aussitôt arrivé à Paris, sa mère meurt.

Maurice Ravel en 1916, avec casque et peau de bique

Un bon nombre de raisons - la guerre, la maladie, mais par-dessus tout, la mort de sa mère - font que le processus de création musicale de Ravel est considérablement ralenti durant cette période.

Avec la fin de la guerre survint aussi la mort de Debussy (1918) et plusieurs virent en Ravel, la nouvelle figure dominante de la musique en France. L'admiration suscitée, de par le monde, pour ses oeuvres l'amène à entreprendre de multiples tournées à l'étranger ce qui lui confère, indubitablement, une place prépondérante.

En 1920, après avoir refusé l'ordre de la Légion d'honneur et dans le but de se soustraire aux manoeuvres politiques, il acquiert une maison en dehors de Paris et, à partir de 1921, il habite Montfort-l'Amaury. Dès lors, il vit une vie intensément privée et ne se mariera jamais.

Un tel retrait lui permet de se concentrer sur ses activités de composition et d'orchestration. 

MIROIR

"Miroirs" (Réflections) est une suite pour piano solo écrite par le compositeur impressionniste français Maurice Ravel entre 1904 et 1905, interprétée pour la première fois par Ricardo Viñes en 1906.

Vers 1900, Maurice Ravel a rejoint un groupe de jeunes artistes, poètes, critiques et musiciens innovants appelés Les Apaches ou "hooligans", un terme marqué par Ricardo Viñes pour se référer à son groupe de "exclusions artistiques". Pour rendre hommage à ses autres artistes, Ravel a commencé à composer Miroirs en 1904 et l'a fini l'année suivante. Les mouvements 3 et 4 ont ensuite été orchestrés par Ravel, tandis que le mouvement 5 a été orchestré par Percy Grainger, entre autres.

Miroirs a cinq mouvements, chacun dédié à un membre des Apaches:
1. "Noctuelles" - Dédié à Léon-Paul Fargue, Noctuelles est un travail hautement chromatique, tout en conservant une ambiance obscure et nocturne dans l'ensemble. La section du milieu est calme avec des mélodies riches et chordales, et la récapitulation se déroule un cinquième en dessous de la première entrée.
2. "Oiseaux tristes" - Dédié à Ricardo Viñes, ce mouvement représente un oiseau isolé sifflant une mélodie triste, après quoi d'autres se joignent. La section intermédiaire rampante est compensée par une cadence solennelle qui ramène la mélancolie Humeur du début.
3. "Une barque sur l'océan" - Dédié à Paul Sordes, la pièce raconte un petit bateau alors qu'il navigue sur les vagues de l'océan. Les sections arpégées et les mélodies de balayage imitent le flux des courants océaniques. C'est le plus long morceau de l'ensemble, et, à l'exception d'Alborada del Gracioso, le plus difficile sur le plan technique.
4. "Alborada del gracioso" - Dédié à Michel-Dimitri Calvocoressi, Alborada est une pièce techniquement stimulante qui intègre les thèmes musicaux espagnols dans ses mélodies compliquées.
5. "La vallée des cloches" - Dédié à Maurice Delage, la pièce évoque les sons de diverses cloches grâce à son utilisation d'harmonies sonores. La vallée des cloches déjà entendue dans un post précédent fait donc partie des oeuvres contenues par MIROIR.

Pianiste: Jean-Efflam Bavouzet