J'examine la question plus en détail sur la page précitée, et j'en viens à l'autre œuvre testamentaire. Si la Messe témoigne de toutes les facettes du génie de BACHen matière de musique vocale, l'Art montre à quel point BACH a creusé la forme musicale qui lui était la plus chère, la fugue. C'est aussi une œuvre à laquelle il a consacré de nombreuses années, dont une partie existe déjà dès 1740, qui a connu divers remaniements, et dont la publication semblait être prévue pour 1749. La maladie et la mort n'ont pas permis cette publication, mais des recherches récentes ont permis d'établir avec exactitude ce que devait être l'Art de la Fugue tel que BACH désirait l'éditer, soit, séquentiellement, 14 fugues intitulées Contrapunctus I à XIV, suivies de 4 canons, la nature des fugues permettant un classement immédiat (je ne fais que reprendre ici celui donné par Davitt Moroney) :
4 fugues simples construites sur le Grand Thème, soit rectus, soit inversus, totalisant 372 mesures.
3 fugues plus complexes, mélangeant les formes rectus et inversus, totalisant 230 mesures.
4 fugues doubles, mélangeant le Grand Thème et un autre thème, totalisant 622 mesures.
3 fugues très complexes, totalisant 366 mesures écrites, mais la fin de la dernière fugue a été perdue ; on sait néanmoins que la fin perdue aurait au moins 14 mesures et ne saurait excéder une trentaine de mesures
4 canons enfin, totalisant 372 mesures.