• SITUATION DE NICCOLO PAGANINI DANS L'HISTOIRE DE LA MUSIQUE

    Paganini est un compositeur de la période fort riche constituée par la fin du classicisme et le début du romantisme, au début du XIXe siècle. Il est ainsi contemporain de Beethoven, Schubert, Rossini, Chopin, Liszt, Berlioz, dont certains deviendront des amis du compositeur (Berlioz composera pour lui "Harold en Italie", Liszt s'inspirera des ses caprices pour écrire différentes œuvres pour piano seul, par exemple).

    Mais Paganini n'est pas un simple contemporain de la naissance du romantisme, il en est l'un des créateurs majeurs. Tout comme les travaux de Chopin et Liszt vont faire entrer le piano dans l'univers romantique, tout comme ceux de Beethoven et Berlioz métamorphosent l'art symphonique, Paganini révolutionne la technique et l'utilisation du violon.

    Bien qu'ayant relativement peu composé, Paganini laisse des œuvres majeures qui influenceront la plupart des compositeurs d'œuvres pour violon, ou pour violon et orchestre, lui succédant. On peut citer ici Vieuxtemps, Spohr, Wienawski, Mendelssohn, Saint-Saëns, Sibelius, ou Glière, entre autres.

    On constate que cette influence ne se limite pas au XIXe siècle mais se poursuit jusqu'au XXe, même si l'on voit progressivement apparaître des compositions différentes, comme celles de Tchaïkovski et Rimski-Korsakov, puis Kabalevski, Chostakovitch ou Prokofiev. De même que pour les premiers romantiques suscités, il est assez difficile de trouver des antécédents au style et à la technique de Paganini, même si l'on peut penser aux travaux de Locatelli ("l'arte del violino"), ou Vivaldi dans une certaine mesure.

    Concernant cette influence, on pense tout naturellement aux 24 Caprices, exposition directe, virtuose et impressionnante de toutes les capacités du violon, qui restent aujourd'hui les références pour tout violoniste en termes de technique.

    Paganini y condense en effet les difficultés techniques de l'instrument, mais apporte également une nouvelle façon de l'utiliser terriblement expressive et vivante. Cette volonté se retrouve, peut-être amplifiée, dans ses six concertos pour violon et orchestre. Même si de nos jours, on regarde parfois ces œuvres comme de pures glorifications du soliste, de simples démonstrations techniques écrites pour révéler les talents de virtuoses stupéfiants de Paganini, il serait erroné des les réduire à cette unique dimension. Si l'orchestration reste peu développée en comparaison des compositeurs suivants, elle n'est pas pour autant rudimentaire. Outre le violon lui-même, de nombreux effets l'accompagnant (utilisation des bois, des pizzicati, et du triangle, notamment) frappèrent les esprits par leur originalité et leur perspicacité, et furent repris dans d'autres œuvres.

    Ce qui frappe peut-être le plus chez Paganini, c'est la pertinence et la précision des effets et des thèmes qu'il propose, que ce soit à travers le violon ou via l'orchestre. Bon nombre d'entre eux seront récupérés pour d'autres œuvres, que ce soit intégralement (Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov, la Campagnella de Liszt, etc.) ou seulement par bribes (bariolages du violon de ses 4ème et 5ème concertos par exemple). C'est peut-être cela, cette "puissance magnétiquement communicatrice" comme le disait Balzac, qui justifie peut-être le mieux l'expression consacrée pour décrire l'art de Paganini : le violon du Diable.

    Plus posément, Carl Guhr, Kapellmeister (directeur artistique) du théâtre de Francfort, après avoir maintes fois observé et écouté Paganini, distingua dans un article consacré à "l'art de Paganini au violon", vers 1829-30, 6 différences majeures, entre Paganini et "tous les autres violonistes", 6 innovations principales :

    - la méthode de réglage de l'instrument (décalant certains note d'un demi-ton, par exemple), "il est à espérer qu'il partagera ce secret avec le monde entier",

    - la façon dont son corps s'incline, pendant qu'il joue, en rapport avec la vitalité et l'énergie de ses œuvres,

    - la combinaison des notes à l'archet et les pizzicati de la main gauche. Cette technique semble avoir existé dans les anciennes œuvres italiennes, mais a été éclipsé par les écoles Françaises et Allemande.

    - Son utilisation des harmoniques. "On peut dire avec certitude que la plupart de la sécurité et de la clarté de Paganini au violon est liée à sa complète maîtrise des harmoniques".

    - Ses compositions pour la seule corde du Sol,

    - son "tour de force. Je ne peux pas mieux décrire ce dont il s'agit. Chaque personne l'entendant pour la première fois est à la fois excitée et étonnée [...] Paganini peut toucher les plus profonds gouffres de l'âme. [...] Ce qui est sans précédent. L'effet est au delà de toute description"

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