• 54. La Source Impérissable

     

    VERSET V

    Cette seconde manifestation du Purusa est la Semence, la Source impérissable, d'un nombre infini d'avataras dans l'univers, et des différentes émanations, plénières ou partielles, de cette Forme procède divers êtres : devas, humains ou autres.

     

    Nous pouvons ici, faire un parallèle avec le Bardö Thödol tibétain où une pratique est mise en évidence avec explication détaillée une fois que le bhakti yoga est réalisé en état de Samadhi, accompagné du kryia yoga qu'enseigna Paramahamsa Yogananda dans son essence même, pratique dévotionnelle de l'abandon complet corps et âme au Père Divin, au Seigneur Suprême. La maîtrise de la pratique permet dès ce moment à aborder celle décrite dans le Bardö Thödol. Ce type de yoga ne s'arrête que lorsque l'Être accompli le décide, ayant à bon escient déployé les énergies et donné en suffisance selon Son Discernement et accompli un Ensemencement touchant en nous la partie Divine de Son Être par l'Union appellée mystique (oraison beaucoup plus tard dans la religion chrétienne) et Samadhi dans les religions ou philosophie orientale.

    Le bhakta, individuellement en comprendra la teneur dans la discrétion de sa vie spirituelle.

    L'avatara अवतार est une incarnation d'une déité. Il ne se décrira pas comme tel, seuls les sages savent discerner l'état d'avatara. Vishnu était une avatar. Ils sont dotés de grands pouvoirs. Les pouvoirs indirects sont pratiqués par les vibhüti.

    Nous vivons présentement dans l'ère du Vaivasvata Manu.

    Le Déluge indien ou Histoire du poisson

    - Mahâbhârata III / 185 -

    L'histoire du déluge existe aussi en Inde. Il se dit :"sampraksâlana" d'un verbe KSHAL signifiant "laver, nettoyer, rincer, purifier".

    Un poisson - le dieu Brahma - avertit Manu (d'une racine signifiant "l'homme" . Cf. les Manouches dont le nom est si évidemment sanscrit) de cette catastrophe parce qu'il a su prendre soin d'un petit poisson menacé d'être dévoré et ensuite ne cessant de grandir (il faut chaque fois lui trouver un récipient adéquat). Manu construit son arche: il est accompagné des sept Richis (êtres mystérieux assurant la transmission des Védas), il y loge les "semences" de toutes les "êtres qui se meuvent et qui ne se meuvent pas ".

    Le Déluge dure très longtemps. Le poisson devenu gigantesque a une corne où s'amarre l'arche, il la conduit sur le sommet de l'Himalaya, et là se manifeste sous sa réelle forme, celle du dieu Brahma. A Manu d'imaginer les êtres et d'user d'ascèse (tapas: d'une racine signifiant chaleur, c-à-d énergie et pouvoir accumulés) pour les rendre vivants.

    Le Mahâbhârata en livre ici une version ; une version similaire se trouve aussi dans le ShatapathaBrâhmana (1-8-1)(cf. Mythes et Légendes extraits des Brâhmanas, trad. J. Varenne, Paris, 1967, p. 37-38).

    Il faut rappeler que l'Inde a une conception cyclique du temps : il y a quatorze "Age de Manu" ou "manvatara", d'une durée chacun de 306 720 000 ans ; les quatorze Ages ou kalpa forment un jour de Brahma ou 4 320 000 000 ans ; nous sommes au septième avec ce Manu Vaivasvata et c'est notre Age.

    Tous les Ages sont nommés (1 Manu Svayambhu 2 Manu Svarochisa ... 7 Manu Vaivasvata 8 Manu Savarnya ... 14 Manu Visvakesna). La spéculation indienne attirée par l'infini poussera l'expertise jusqu'à nous donner les noms des rois et hommes les plus importants de ces quatorze Ages (à noter que le nom d'un Age n'est pas forcément celui du seul survivant comme c'est ici le cas, mais du Manu le plus marquant de ces 306 720 000 ans.

    ( Cf. Mârkandeya Purâna,Varanasi, 1969, translated by E. Pargiter; Matsya Purâna, Allahabad, 1916, in coll. "Sacred Bools of the Indus" 27)

    L'Inde est vite productrice d'infinis.

    Par rapport à d'autres déluges - celui de Noé dans la Bible, celui d'Ut-Napishtim dans le récit sumérien de l'Epopée de Gilgamesh, celui de Deucalion et de Pyrrha dans la Bibliothèque du grec Apollodore ou du latin Ovide dans les Métamorphoses  (Livre I)- les différences sont évidentes, quoique...

    Voilà comment un même récit dont l'origine se perd dans la nuit des temps subit des transformations. Pour étayer cette éventuelle commune origine, on peut proposer l'hypothèse récente (W. Ryan, W. Pitman) qui veut qu'entre 6000 et 5000 avant J-C ait eu lieu dans la Mer Noire le déversement brutal de la Méditerranée : la Mer Noire était un lac, la Méditerranée gonflée par la fonte des glaces de la fin de l'Age glaciaire aurait fait sauter le verrou de l'Hellespont ; la différence de niveau était de plusieurs centaines de mètres, d'où le souvenir terrifié des populations locales du néolithique, le débit devant être de 400 cent fois celui des chutes du Niagara!.

    G. Contenau, asyriologue, soutenait que la Mésopotamie, plaine fluviale entre Tigre et Euphrate, avait connu des inondations fréquentes responsables de l'invention de ce mythe dont l'histoire avait été reprise par les grecs, les hébreux et par d'autres peuples sans doute

    (G. Contenau, Le Déluge babylonien, Paris, 1952 ; J. Bottéro, L'Epopée de Gilgamesh, Paris, 1990). Ce mythe a, en effet, été retrouvé transcrit en plusieurs langues et caractères (version sumérienne, akkadienne, grecque, arménienne, hébraïque, etc.).Preuves incontestables d'une vaste diffusion. Peu importe. Posons que l'origine soit commune (ce qui d'ailleurs est probable)...

    Il est alors intéressant de voir "l'élasticité" d'une histoire en fonction de "paramètres" assez nombreux pour que toutes les déformations soient tentées.

    L'histoire est plongée dans différentes cultures qui lui font subir des variations.

    Négligeons d'abord le fait que l'histoire a pu passer d'une culture à une autre (transformation sur transformation) mais disons que chaque culture la reçoit directement. Quels paramètres agissent ? Quelles parties sont modifiées ?

    Il y a quelque temps de cela, nous aurions répondu en usant du schéma actantiel (Cf. Greimas, Sémantique structurale , Paris, 1970) en suggérant que les six actants sont, dans un mythe, à égalité quant à l'importance : le sujet ou héros tient autant de place que l'objet (le déluge), ce dernier que l'adjuvant (l'arche), que l'opposant (l'orgueil des hommes ou la fin des temps), que le destinateur (le dieu qui avertit le héros), que le destinataire (sauver la vie et l'humanité).

    Il suffit qu'un des actants l'emporte ou devienne prépondérant pour que le récit s'aventure vers un autre genre. Est-ce le déluge (l'objet) qui occupe le récit, et nous sommes en face d'un hypergenre (celui qui fonde le roman descriptif du monde), est-ce l'adjuvant et l'opposant qui dominent et nous nous approchons du théâtre, est ce le destinateur et nous voyons le sacré s'exprimer par tout type de prière et de lyrisme, etc. Les variantes entre les différents déluges révèleraient cette possible évolution : cadre dramatisé de la version sumérienne et akkadienne (les dieux et les hommes s'affrontent), cadre oraculaire (donc du destinataire) de la version biblique (Noé annonce l'alliance de l'homme et de Dieu), cadre liturgique (rôle du destinateur : une mission sacrée est imposée à Manu) du récit hindou (Manu est habité par l'esprit du sacrifice, il est agi par une force intérieure), cadre plus romanesque des versions gréco-romaines (rôle du sujet et de l'objet : Deucalion en jetant des pierres ou "laas" par dessus l'épaule fait naître des hommes ou "laos"). Avec une telle interprétation, on remarque le mythe ou récit premier ne nous est pas parvenu, il manque, celui où les actants sont à égalité (il est l'Ur-mythe), parce que le mythe est si prégnant qu'il invite immédiatement à des développements et ne peut se présenter sous sa forme première et stable : sa séquence égalitaire des actants est désarticulée, démembrée, les récits partent dans l'une de ces six voies que sont les six actants.

    Comme on ne peut définir le milieu historique en ces époques trop lointaines, l'altération subie par le mythe en revanche dit la nature du milieu historien, avec quelles règles il fonctionne. Tout milieu ou système fonde une cohérence (explication stabilisante du monde), une efficacité (agir sur le monde) , une participation émotive au monde, un imaginaire (peuplement du monde par les productions mentales).

    Ces quatre facteurs se couplent en des proportions variées, de quoi expliquer les différences entre milieux culturels historiques ; le récit de Manu se distingue de celui de Noé parce que les facteurs Cohérence et Imaginaire sont majeurs : Manu intègre une fin du monde dans un temps cyclique - normalité construite, cohérence donnée- et recrée le monde par la force de son esprit - il lui revient d'"imaginer" les créatures comme le dit le texte ; Noé, de son côté, utilise surtout le facteur Efficacité et Emotivité - il s'agit d'un monde où les créatures mauvaises seront moins nombreuses, la vie humaine plus facile et d'une Alliance avec Dieu qui révèle que les hommes sont aimés de la divinité -. Etc. Chaque milieu organise le mythe selon ses facteurs (on couplera les facteurs par deux et par trois, soit 11 possibilités), ou plutôt on voit comment un milieu est fait grâce aux choix effectués dans un récit mythique.

    Ce que la colombe apporte, ce que le poisson cornu offre, c'est la possibilité pour les hommes de se constituer universellement . Telle est la force du récit. Des facteurs essentiels s'y découvrent.

    Traduction
    G. Schaufelberger et G. Vincent

    Il existe très peu de littérature concertant l'âge du Vaivasvata. Mais ne désespéront point car au fil de ces pages, nous pouvons avoir plus de données concertant l'Age présent.

    Ce qui découle de ce verset est le nombre important d'avataras au cours des ères ce qui signifie que de tout âge les avataras sont présents ainsi que d'autres êtres divinement doués et s'il en est parlé dans les Védas, cela signifie clairement que le mouvement est incessant des énergies divines : ainsi nous pouvons en déduire qu'elles vivent de nos jours et continuent à vivre et à oeuvrer. A nous de nous ouvrir et de profiter au travers de pratiques donnant la force en cette traversée de la vie dans ce monde matériel où les êtres sensibles ont besoin de ces énergies de la Nature divine souce de Création pour notre vivification ainsi que toutes les énergies subtiles de la Source abreuvante.

    "Je serai avec vous tous les jours de votre vie". J.C 

    ©Colinearcenciel

     

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  • Commentaires

    2
    Lundi 27 Février 2017 à 02:16

    Bonne semaine Antilope, merci de ton passage. Il s'agit quant à la musique, de Gabriel Fauré que j'aime beaucoup.

    A bientôt.

    Amitié profonde.

    Coline

    1
    Antilope
    Dimanche 26 Février 2017 à 10:12

    Musique très ageable.

    Bondimanche Coline et un grabd merci.

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