Puisque, dans le cadre d'un office religieux, Bach ne pouvait pas faire entendre le texte de la Passion comme sur un théâtre, il adopte la forme d'un drame sonore, un oratorio, sorte d'opéra pour l'église, sans réellement de mise en scène.
Dans le cas présent, ce genre musical doit amener à la méditation sur l'aboutissement de la vie du Christ : à la fin de l'œuvre, celui-ci semble être tout naturellement vaincu par la mort.
Le texte de l'apôtre Matthieu, un de ses disciples, tient en six pages (dans une traduction allemande du grec) et il est en prose.
Bach a choisi de le restituer intégralement.
Il le confie à un même chanteur (l'"Evangéliste"), sur une ligne musicale qui met constamment l'accent sur tel ou tel mot ou sur telle ou telle nuance du récit et met ainsi en valeur chaque détail de l'action.
Les personnages (ou groupes de personnages) qui sont évoqués peuvent intervenir à leur tour.
C'est le principe du récitatif.
Selon la dynamique du moment, le chant peut être simplement soutenu ou ponctué d'accords du continuo, presque obligatoirement présent (violoncelle, orgue ou - plus rarement choisi car il s'agit de musique religieuse - clavecin), auquel Bach peut ajouter un élément extérieur, les cordes de l'orchestre : ces différents épisodes s'opposent, avec souplesse et rapidité.
Tout cela contribue évidemment à faciliter l'écoute.
On s'aperçoit en fait qu'elle est loin d'être ardue. Elle peut être encore plus aisée si on s'initie un peu à l'allemand et si on se familiarise avec ce texte tiré d'un des quatre Evangiles, fondateurs du christianisme, en particulier dans ces chapitres.
.