• INTERPRETER CHARLES MARIE WIDOR

    Charles-Marie Widor

    L'interprétation

    Pour le musicien soucieux d'authenticité, toute démarche d'interprétation se fait dans le respect des intentions du compositeur. Il vise donc à lui demeurer fidèle, dans la mesure de ses connaissances. Pour ce faire, la première source dont il dispose est la partition. Encore faut-il que cette partition soit conforme au manuscrit. En outre, l'interprète doit parfois choisir une version entre plusieurs manuscrits de l'œuvre, d'où la nécessité de disposer d'une édition critique. D'autre part, il arrive que des indications s'avèrent inintelligibles, voire même contradictoires. Car, malgré tout le soin que le compositeur prend d'indiquer clairement ses intentions, des doutes légitimes peuvent surgir chez l'interprète après qu'une partition ait traversée des décennies, sinon des siècles. De plus, le compositeur, devant l'évidence des conventions d'écriture et d'interprétation de son époque, a souvent tendance à omettre certaines informations pertinentes à une juste interprétation de son œuvre - des informations qui deviendront difficiles à retracer pour les générations futures.

    Pour l'œuvre de Widor, la problématique d'une interprétation authentique s'articule plus particulièrement autour de quatre pôles, à savoir le contexte historique dans lequel les Symphonies ont pris naissance, les multiples versions dans lesquelles elles nous sont parvenues, l'adaptation des registrations indiquées aux orgues de la fin du XXe siècle et les conventions d'interprétation de ses œuvres. Le contexte historique ayant déjà fait l'objet de la première partie de l'article, les trois autres points seront maintenant développés.

    1. Les éditions

    À l'exception de la Romane et de la Gothique, les dix Symphonies de Charles-Marie Widor circulent actuellement dans des versions qui présentent entre elles des différences majeures. Cette étonnante diversité s'explique par le grand nombre de révisions effectuées par Widor tout au long de sa vie. Un relevé exhaustif des différentes éditions et manuscrits dépasserait largement le cadre de cet article. Voici donc, plutôt, un aperçu des versions les plus significatives.

    ¥ En 1872, les quatre premières Symphonies, opus 13, sont publiées pour la première fois chez Mahot à Paris.

    ¥ En 1879, les éditions Hamelle achètent les éditions Mahot; Hamelle réédite alors l'opus 13, en y ajoutant les deux premières Symphonies (la Ve et la VIe) de l'opus 42.

    ¥ En 1887, l'opus 42 paraît au complet (avec les VIIe et VIIIe Symphonies), et l'opus 13 est entièrement révisé. Dans la Ière Symphonie, une Marche pontificale et une Méditation sont ajoutées; dans la IIe Symphonie, l' Adagio est complètement remplacé; dans la IIIe Symphonie, un Final est ajouté; enfin, dans la IVe Symphonie apparaissent pour la première fois un Andante cantabile et un Scherzo. De plus, Widor ajoute un Avant-propos à ses Symphonies. C'est cette version qui a été reproduite par l'édition Edward B. Marks en 1941, et en 1991 par l'édition Dover.

    ¥ En 1901, l'opus 13 et l'opus 42, à l'exception de la VIe Symphonie, paraissent dans une «nouvelle édition, revue, corrigée et entièrement révisée par l'auteur». Dans la IIe Symphonie, le Scherzo est remplacé par un Salve Regina; dans la IIIe Symphonie, la Fugue est retranchée; enfin, dans la VIIIe Symphonie, le Prélude est supprimé.

    ¥ En 1911, les opus 13 et 42 sont modifiés, et la VIe Symphonie paraît dans une autre version.

    ¥ En 1920, l'opus 13 et l'opus 42 paraissent encore dans une « nouvelle édition, revue, corrigée et entièrement révisée par l'auteur ».

    ¥ La dernière révision de l'opus 13 et de l'opus 42 remonte à 1928-1929. L'édition Hamelle vendue actuellement correspond à cette dernière version qui, malheureusement, contenait initialement de nombreuses erreurs. De plus, après 1940, les fautes se sont multipliées avec les réimpressions successives. L'édition critique des Symphonies parue aux éditions A-R, quant à elle, a été faite à partir d'une partition éditée en 1928-1929 et corrigée par Widor lui-même. Elle correspond donc fidèlement aux dernières volontés du compositeur.

    À la lumière de ces informations, l'interprète trouvera sans doute difficile de choisir l'une ou l'autre de ces multiples versions. L'édition de 1887, celle qui a été reprise par Dover, semble être la plus cohérente du point de vue de l'équilibre entre les mouvements. Dans les versions ultérieures, l'unité stylistique d'une Symphonie est rompue lorsque de nouveaux mouvements viennent remplacer les anciens. En 1901, par exemple, dans la IIe Symphonie, un Salve Regina qui s'apparente au style de la Romane vient remplacer un Scherzo composé trente ans plus tôt. D'autre part, l'édition de 1928-1929 corrigée par Widor, c'est-à-dire celle qui a été retenue par l'édition A-R, représente peut-être la meilleure version quant au contenu de chacun des mouvements, Widor y ayant mis à profit toute l'expérience acquise au cours de sa vie. L'interprète peut donc faire un compromis avantageux entre les deux éditions en respectant le choix des mouvements de l'édition Dover, et en se référant à l'édition A-R pour les modifications qui leur ont été éventuellement apportées.

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