SI VOUS SAVIEZ
Si vous saviez que je ne parle qu'avec vous
A haute voix et en votre présence
Et vous êtes le seul.
Les allées et venues obligatoires
Quotidiennement
Les bonjours et au revoir de chaque jour
Les magasins visités par nécessité
C'est au sortir des commissions
Que l'on dit à la caissière quelques mots souriants
Il nous faut parler
Pour régler certaines affaires de vive voix.
Mais à vous je parle avec plaisir
Très peu.
Et le peu que vous me dites je l'apprends.
Je suis devenue la sauvage au milieu des gens
Qui affiche cet air détaché
De ceux qui ont souffert l'enfer
De ceux qui savent l'important
De chaque moment de vie
En sursis.
Ah je ne me plainds guère
Et c'est bien le contraire.
Avant je vivais l'Eden en ce monde
Il me semblait avoir des ailes
Oui, ils me les ont arraché
Pourtant j'ai pu encore m'envoler
Dans ce monde parallèle si proche
Où leur accession est impossible
Ils sont si lourds de leurs avidités.
Et puis, j'avais reçu ce bagage
D'une enfance ensoleillée
Irradiée de grâces
Où le ciel et la terre se mélangeaient
Sublimement unis
Où le créateur lui-même a ouvert l'infiniment grand
Et l'infiniment petit
Me soufflant :"Je suis là".
Si petite enfant je découvrais que mon âme
Etait enveloppée d'un corps
Et cette âme exultait à cette présence
Ce jour-là elle s'en souvient comme si c'était hier.
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C'était une jeune fille belle et charmante
Tous séduit par sa beauté et son sourire
La douceur et la grâce de son art.
Elle avait cette délicatesse de l'intelligence
Et la beauté du coeur de son enfance
Elle avait des dons si précieux
Que le diable en personne en fut si jaloux
Qu'il vint lui-même en sa demeure
Se manifestant de façon diverse
Le corps et l'esprit peuvent être fragiles
Mais l'âme est si forte lorsqu'elle s'unit au choeur des anges.
Il se vengea si méchamment
Qu'elle se vit descendre en enfer
En prise avec cette cohorte si grossière
Elle fut obligée de se transformer en animal féroce.
Ils apparaissaient sous forme d'humains
De bonne composition et parfois même si polis et doux.
Les apparences sont si trompeuses.
Et lorsqu'il s'agit de richesse d'or et de diamant
Ils sont si féroces à vous faire toute sorte de vilains tours
Si vous avez découvert leurs si méchants marchés lucratifs
Avec ce tout permis des joug écrasant des vies.
Ils voulaient qu'elle disparaisse à jamais
Et lui jouaient mille tours effrayants
Provocants toutes sortes d'aggressions.
Il lui semblait être en enfer
Elle souffrait mille tourments
Au dedans de tout cela
Si vous saviez ce qui lui arriva
Au milieu de ces horreurs
Il apparut celui que je ne nommerai pas
A chaque lieu où le péril était au plus dangereux
Que dis-je, peu avant, afin de les contourner
Sans éviter tout car il voulait qu'elle soit guerrière et forte de sa force
Il la ménagea de certaines peines et elle sait qu'elle en souffrira encore passagère en ce monde d'illusions.
Le mystère de la souffrance est un mystère qui n'en est pas un.
Il m'a appris la malignité de ces bestioles qui prennent
Toutes sortes d'apparences.
Ce n'est pas en une seule fois qu'il me sera permis de tout conter.
Il est des choses qu'il vaut mieux taire.
Si vous saviez que je ne parle avec vous
Qu'à haute voix et en votre présence
Et que vous êtes le seul
Et avec vous je parle avec plaisir
Très peu
Et le peu que vous me dites
Je l'apprends.
©ColinearCenCiel, juin 2008