• 44. Sur l'eau la jonque

                                                                                     

    44. Sur l'eau la jonque

     

     

     

     

    SUR L EAU LA JONQUE est né en 2005 sur les touches de mon piano.  Ce morceau n'a pas encore été écrit sur partition. Tout ce que j'y exprime se trouve dans le texte que j'ai écrit ensuite, évocation de la guerre du Vietnam

      

     

     

     

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             Sur l'eau la jonque

     

    Sur l'eau la jonque aux larges passavants ceinturés par un pavois

    Son plan de dérive très allongé

    Mouillée en surface large Surplombé de lattes d'Iroko

    Elle glisse en eau douce sous le rouge soleil crépusculaire

    La jonque glissant sur le large fleuve aux eaux équatoriales

    Le calice renversé de la voûte subliminale éthérique
    Au couchant, elle glisse sur l'eau la jonque

    Une femme assise à même le pont, pensive
    Cheveux longs, peignés par la brise,
    Les mèches tremblantes et mouillées
    Le visage ambré stoïque
    Allumé de lueurs profondes en yeux noirs, ébène
    Marbre, visage de velours, bouche tendre et close
    Au loin à l’arrière, éclairs de feu aux poudres de canons
    S’évaporent en amas de fumées noires dans le ciel orangé

    C’est au flux de l’eau qu’elle avance la jonque
    La jonque de la femme assise
    Au creux de ses jambes croisées
    Un tout petit dort étoilé ; dont le père massacré
    Par dessous les fumées derrière, gît ;
    Sa mère figée sur le pont
    Fixe le regard vers nulle part


    Va, s’en va la jonque sur l’eau huileuse aux éclats de rubis

    A droite, au loin des gémissements et des feux jaillissants
    Foudroyants, des silhouettes se noyant sur la ligne
    Du rivage confondue..
    Glisse, glisse la jonque
    Au courant du fleuve pur sang tout au milieu, elle glisse

    Elle fut poussée par quelques hommes la jonque
    Arrimée au rivage, portant cette femme au nouveau né
    D’autres devaient s’y précipiter pour s’y sauver...

    La miraculée berceuse au petit se mit à chanter
    D’une voix douce, un murmure de sons mélodiques
    « Va la jonque, ma survivance ; va loin de tous les miens
    Va la jonque emportes-moi loin, au plus loin qui soit
    Emportes-nous, le petit n’a pas froid
    Lui, il les a coupé les sirokos qui nous emportent et nous
    Sauvent-

    De ses lèvres adorés il me tendit de ses bras
    De tendresse notre fruit d’amour

    Toi mon petit, criant de sa voix que toujours j’entendrais :
    " Va mon amour, jamais je ne te quitterai "
    Tandis qu’il s’effondra dans les lueurs du soleil rouge

    Elle se tut, la femme au visage ambré qui tenait son bébé
    Et puis s’échappa de ses lèvres un cri plus fort que toutes les détonations

    Un hurlement long en plénitude aussi large que le fleuve et les collines l’entourant


    Le ciel devenu noir, une étoile se mit à trembler
    Au son de cette voix

    La lune pleine, béate en sa face ressemblait à la mort !
    La nature comme en écho se mit à pleurer et à gémir
    En coups de tonnere assourdissants d’orage !
    Ses larmes pleuvaient sur cette femme et son bébé
    Protégé qu’il fut par un pan de sa robe ample orangée comme le ciel d’auparavant.

    Elle tendit les bras vers le ciel et psalmodia :
    « Foudre, foudroyes-moi » durant un temps infini...

    Et c’est au terme de la nuit
    Aux douceurs du pastel des aurores qu’elle s’endormit...

    La jonque au milieu du fleuve ne bougeait plus
    Un rocher bloquait son avancée
    Elle vit sur un bateau une horde de soldats fous
    Ils s’approchaient vociférants tels des êtres infernaux
    Fusils pointés-
    Alors, la femme qui vit cela
    Prenant son enfant dans les bras
    Lorsqu’ils furent à quelques mètres d’elle
    Elle leur cria : » Merci la mort que tu es belle !
    Approches, utilises ces soldats je te veux !"

    Le silence lui répondit violemment
    Comme une épouvantable giffle !


    Le soleil aveugla d’un rayon impitoyable le visage de ces égarés
    Et Le vent fit dévier la jonque qui repris sa route

    La femme s'effondra sur le sol avec une lenteur langoureuse, recroquevillée sur son enfant

    Et dans un souffle elle reprit son chant :
    « Mon bien aimé, je ne sentirai plus l’étreinte de tes bras
    Ta force et ton courage, tes baisers sur ma peau »

    « Où es tu ? » psalmodiant cette phrase indéfiniment
    Jusqu’à l’épuisement

    Les yeux clos, là au milieu du fleuve sur la jonque
    Elle senti un vent léger sur son visage et la fraîcheur d'un souffle
    A son oreille, et de la voix douce du bien aimé, elle entendit :
    « Ils ne m’ont pas tué »

    ©ColinearCenCiel,  Novembre 2004

     

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