LE SATIN ROUGE
Fermée à la tendre nuit
Sous la coupole sombre où l'astre luit
L'eau, en fines gouttes, tapote la fenêtre
Où elle ne trouve que le lisse infertile
La transparence, son miroir et sa liberté
Pour s'y écouler, solitaire
Tout au fond de mon temple, le calice
Auprès de l'ostensoir ne reccueillent rien
Les murs clairs parsemés de lierre
Et de trésors en fines et minuscules fleurs sauvages
Se taisent au silence de mon âme gisante, comme morte
Figée, hébétée, suspendue, son oeil clos.
"Je n'aime plus" dit-elle
Se parlant à elle-même
"Je suis comme le marbre sans empreinte"
Ses veines sinueuses
Formées il y a des milliers d'années se moquant du temps
Car leur beauté ne s'en trouve aucunement affectée
La nuit la tendresse n'a pu donner son baiser d'amour.
Cette fois-là, seule l'eau tapotait la fenêtre
Avec un rythme doux, ordonné, délicat
La délicatesse de ceux qui savent et se taisent
La fatalité de quelques heures sans vie
A laquelle la soumission sourit fébrilement
"Je ne sais plus me faire aimer"
"Je suis au monde en le sachant
Qu'importe cette nuit , abattue, inerte"
Les nuits comme les jours se colorent
De la couleur passagère au pinceau de satin.
L'absolue incapacité de cette matière à s'agiter de la sorte
Elle est donc présente pour n'être regardée pas plus de quelques instants ...
©ColinearCenCiel