-
34. La solitude apprivoisée
LA
SOLITUDE
APPRIVOISEE
La solitude s'insinue peu à peu
Elle me fut offerte
Auprès de flamboyants cannas
Elle me fut donnée en colonie
La discrimination eut son mot à dire
Tranchante, autoritaire !
A l'âge de six ans elle m'apparut
En robe blanche de coton
Lors de ma première communion
De cet homme pendu en crucifixtion
Elle vint au milieu des garçons
La violence des jetées de cailloux
Me fit grimper sur une branche :
Là, elle s'interrompit près du caméléon
Admiré, observé, sous ses déguisements.
Elle me couvrit de bleu marine
Aux costumes des pensionnaires
Dans les grands couloirs vides et clairs
A l'Immaculée Conception !
Douce, elle fut savourée, mon amie
La solitude apprivoisée secrètement
On me la flanqua sur le dos
Sous une autre apparence
Mais elle fut docile et m'accompagna
Légère, plus légère qu'un papillon !
Alors elle me transforma en ailes blanches
Et de papillon je devins albatros
Ainsi la solitude m'envolait en toute proximité
Et me fit connaître le large !
La solitude m'accompagna près de la mort
Taiseuse, infiniment discrète, rêveuse
Du cauchemar au noyé reconnu
Sorti d'un tiroir géant d'une immense armoire de glace !
A la tempe trouée d'une balle de fusil
Où la bouche s'entrouvrit semble t'il pour dire un mot
Et terminer en biais de grimace à l'ambulance
Aux deux cercueils de ses fils perdus
Elle agrippa une pauvre femme aux yeux clairs
La mère de ces deux fils-là
Et fit de son regard l'angoisse la plus indécente
Jusqu'à presque la jeter dans la démence !
Cruelle...
Impitoyable ...
La solitude a double caractère
Il faut l'apprivoiser au plus jeune âge
Savoir qu'elle est aussi notre bagage
Au plus léger bagage elle peut être chappe de béton
Ou larges horizons, désolation de misère
A ceux qui se déssèchent lorsque la faim et la soif
L'accompagnent !
La solitude a de mauvaises fréquentations :
Le deuil, la misère, la béance, la maladie
La torture, la violence, la privation de liberté
Et bien d'autres encore lamentablement
Oui la solitude devient un étau impitoyable,
Accompagnée !
Je la supplie de venir seule !
Mais elle est influençable !
On la provoque, elle se laisse vendre
Et se laisse acheter
Manipulée...
Elle, on l'apprivoise
Lorsque toute cette horde de démons
Nous la laisse dépouillée de leur présence
Elle pourrait vous clamer :"Je suis absente !"
Dans un semblant d'hypocrisie
Car elle aime votre compagnie
La connaissant apprivoisée :
Elle n'est point méchante !
Si on la voit arriver avec n'importe qui
Elle est en retrait vous regardant les yeux baissés...
Mais elle a un ami qui sait vous jouer double tours :
Le silence.
La solitude, apprivoisée,
Connaît ausi la sérénité
Elle peut laisser place aux anges
Elle se retire devant l'Amour
Après une révérence !
Elle devient alors ardente
Et s'agrippe à vous comme une esclave !
Lorsque ses démons se sont évaporés
Comme des vampires disséminés
L'Amour ne fréquente pas la solitude
Mais sait se tenir au milieu d'elle
Derrière elle, agenouillée
La tristesse et le chagrin habillent la solitude
De gouttelette aux lèvres salées
L'illumination, dragon de lumière
Se la fait noyer enflammée !
Renvoyés d'où ils sont à se brûler eux-mêmes
La solitude se terre au sein de la couronne
D'épines et de roses
Et disparaît aux envolées des ailes !
Elle se cache et se dissippe
Par le haut vol de la colombe
©ColinearCenCiel, 3 mai 2005 ©international
-
Commentaires