• 24. L’ancien empire Uigour - Ce que serait le rôle de Jésus

     

    2.10. La source des religions. - Le rôle de Jésus

    page 206 à 218


    Notre travail d’ensemble étant achevé, nous nous trouvions prêts à retourner à notre base de départ où il était prévu que notre expédition se désagrégerait et que chacun
    retournerait chez soi à l’exception d’un détachement de onze personnes dont je faisais partie. Quatre de celles-ci, moi compris, avaient accepté l’invitation de nos amis à revenir
    chez eux dans le village de nos précédents quartiers d’hiver. La veille de notre départ, tandis que nous contemplions le coucher du soleil, l’un de nous demanda : Depuis combien
    de temps la civilisation et la religion existent-elles ? Ont-elles été vraiment liées indissolublement au cours des millénaires ?

     


    Jast répondit : Cela dépend de ce que vous appelez religion. Si vous parlez de croyances, de dogmes, de sectes, et peut-être de superstitions, ils sont tous récents et ne
    datent pas de plus de vingt mille ans. Mais si vous voulez parler de respect pour la vraie philosophie de la vie, pour la vie elle-même, et par conséquent pour la sublime pureté de
    Dieu, grande Cause créatrice, alors ce sentiment a précédé toute histoire, toute mythologie et toute allégorie. Il remonte à la venue première de l’homme sur terre, avant la prise du pouvoir par des rois et des empereurs, avant l’obéissance à des règles édictées par les hommes.

     


    Dans le coeur du premier homme brûlait la plus grande vénération pour la source et la beauté de la vie. La beauté et l’adoration manifestées par cette âme pure ont brillé sans ternir pendant des millénaires, et continueront de briller pendant toute l’éternité. Au début, quand l’homme s’est saisi de la vie, il en connaissait parfaitement la source. Il avait pour elle la plus grande vénération, et c’est cette vénération
    que vous appelez maintenant le Christ.


    Mais les obscurs couloirs du temps ont divisé les hommes en d’innombrables sectes, croyances, et dogmes, jusqu’à en former un labyrinthe inextricable d’incrédulité et
    de superstition. Qui de Dieu ou de l’homme a provoqué cette division ? Qui est responsable du grand tourbillon de péchés et d’inharmonie qu’elle a engendré ?
    Posez-vous cette question de responsabilité et réfléchissez seulement un instant. Dieu est-il assis quelque part dans le ciel, contemplant de haut ces vicissitudes ?

     


    Interfère-t-il d’un côté et aplanit-il d’un autre les conditions de la vie ? Est-ce qu’il loue l’un et condamne l’autre, tend la main à l’un et piétine l’autre ? Non. S’il y a un vrai donneur de vie, il faut qu’il soit omnipotent, omniprésent et omniscient, au-dessus, autour et à l’intérieur de tout. Il répand sa vie sur tous, à travers tous, et au-dessus de tous, sans quoi il ne serait pas la vraie source de toute vie. Sans doute y a-t-il d’innombrables variétés de formes différenciées. Mais en remontant à leur origine, on retrouve leur but. L’ensemble forme un cycle sans commencement ni fin. Autrement, il n’y aurait ni base de raisonnement, ni hypothèse, ni vérité.

     


    Quelqu’un demanda : Essayez-vous de triompher de la mort ? La réponse fut : Oh ! non, nous dépassons la mort en laissant la vie s’exprimer dans sa plénitude, si bien que nous
    ignorons la mort. Pour nous, il n’existe qu’une plus grande abondance de vie. La plupart des hommes commettent l’erreur fondamentale d’essayer de cacher leur religion derrière un voile ou un secret au lieu de l’étaler dans le large espace du pur soleil de Dieu.


    L’un de nous demanda si Jésus habitait avec les Maîtres que nous connaissions. Jast répondit : Non, Jésus ne vit pas avec nous.

    Il est simplement attiré vers nous par nos pensées communes, de même qu’il est attiré vers tous ceux qui ont des pensées communes avec lui. Jésus, comme toutes les grandes âmes, ne demeure sur la terre que pour servir.
    Jast continua : Ce fut pendant son séjour dans l’Arabie du Nord que Jésus eut accès à une bibliothèque dont les livres avaient été rapportés de l’Inde, de la Perse, et de la
    région Transhimalayenne. Ce fut son premier contact avec la doctrine secrète de la confraternité. Cet enseignement eut surtout pour résultat d’ancrer plus fortement en lui la
    conviction que le véritable mystère de la vie divine s’exprime par le Christ dans chaque individu. Il comprit que s’il voulait l’exprimer pleinement, il lui fallait renoncer à toutes
    les formes d’adoration pour n’adorer que Dieu seul, Dieu s’exprimant à travers l’homme.

    Pour compléter la démonstration, il lui fallait s’éloigner de ses maîtres, quitte à leur déplaire. Cela ne l’arrêta pas un instant, car il était indéfectiblement dévoué à sa cause et percevait les services incalculables qu’il pouvait rendre à l’humanité. Il eut la vision d’un homme accédant au pouvoir sublime de cette immense présence intérieure, la vision d’un puissant fils de Dieu possédant la sagesse divine dans sa plénitude. Il vit un homme devenu riche pour avoir répandu la richesse de tous les trésors de Dieu, fait couler la fontaine des Eaux Vivantes, extériorisé le Seigneur dans sa foi de miséricorde et de sagesse. Si un tel homme devait s’incarner sur terre, il faillit qu’il se présentât en se prévalant de toutes ces possessions.

     

    Ensuite, il lui fallait vivre la vie sainte avec des mobiles purs, et la démonstration suivrait. C’est à la présence manifeste de cette vie que le nom de Christ a été
    donné. Jésus affirma donc audacieusement en public que le Christ demeurait en lui et en chacun. La voix céleste qui le proclama fils bien-aimé proclamait également que tous les fils de Dieu sont héritiers conjoints et frères les uns des autres. Cette époque fut marquée par son baptême. L’Esprit descendit du ciel sur lui comme une colombe et demeura en lui. Jésus déclara également que nous étions tous des dieux incarnés. Il enseigna que l’ignorance était cause de tous les péchés. Il vit que pour pratiquer la science du pardon, il fallait être bien éclairé sur le fait que l’homme a le pouvoir de pardonner tous les péchés, discordes, et inharmonies Ce n’est pas Dieu qui pardonne les péchés, car Dieu n’a rien à voir avec les péchés, les maladies, et les discordes humaines. C’est homme qui les a fait naître et il est seul à pouvoir les faire disparaître ou à les pardonner.

     


    L’ignorance consiste à méconnaître la pensée divine, À ne pas comprendre le principe créateur dans ses relations avec l’homme On peut avoir toutes les connaissances
    intellectuelles et toute l’expérience possible des affaires du monde. Cependant, si l’on ne reconnaît pas que le Christ est la substance vivante de Dieu qui vitalise l’être intime, on se
    montre grossièrement ignorant du facteur le plus important qui gouverne la vie. Il y a de l’inconséquence à demander à un père parfaitement juste et humain de guérir une maladie
    ou un péché. La maladie est la conséquence du péché, et le pardon est un facteur important de guérison. La maladie n’est pas, comme on le croit généralement, une punition envoyée par Dieu. Elle résulte de ce que l’homme ne comprend pas son moi véritable. Jésus enseigna que la vérité rend libre, et sa doctrine survécut à celle de ses
    maîtres en raison de sa pureté.

     


    Quand Pierre dit qu’il avait pardonné sept fois, Jésus répondit qu’il pardonnerait soixante-dix fois sept fois et continuerait jusqu’à ce que le pardon fût universel. Pour
    pardonner la haine, il centra son attention sur l’amour, non seulement quand la haine s’approchait de lui, mais quand il là voyait se manifester dans le monde environnant.

    La Vérité était pour lui une lumière individuelle susceptible de guider hors de l’obscurité quiconque l’applique intelligemment. Il savait que tout triomphateur fait alliance avec son Seigneur pour pardonner continuellement les péchés et faire face à toute erreur avec la vérité. C’est ainsi qu’il s’occupait des affaires de son Père. Il vit et comprit que c’était le seul moyen de transformer le monde et de faire prévaloir la paix et l’harmonie parmi les hommes. C’est pourquoi il dit : « Si vous pardonnez leurs offenses aux hommes, votre Père
    céleste vous pardonnera aussi. »


    Pour apprécier cette affirmation à sa pleine valeur, vous demanderez peut-être : « Qui est le Père ? » Le Père est Vie, Amour, Puissance, et Domination, toutes choses qui appartiennent à l’enfant par héritage naturel. C’est ce que Paul voulait dire aussi en écrivant que nous étions héritiers conjoints avec Christ du royaume de Dieu. Cela ne signifie pas que l’un possède plus que l’autre, que l’aîné ait la meilleure part, et que le reste soit divisé entre les autres enfants. Héritier du royaume conjointement avec Christ
    signifie participer également à toutes les bénédictions du royaume de Dieu.

     


    Certains nous accusent de vouloir nous égaler à Jésus. Ils ne comprennent pas la signification de la communauté d’héritage. Je suis sûr qu’aucun de nous ne se permettrait de dire qu’il a atteint, dans la blancheur de la pureté, le même plan d’illumination que le grand Maître. Héritier conjointement veut dire avoir même pouvoir, même force,
    même degré d’intelligence. Cependant, chacun de nous comprend pleinement la vérité de la promesse de Jésus à tout enfant de Dieu, à savoir que tout vrai disciple participe
    au même titre que lui des qualités de la divinité. Nous comprenons admirablement Jésus quand il dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Cette
    grande âme n’a jamais demandé à ses disciples un effort intellectuel ou moral impossible. En demandant la perfection, il savait n’exiger qu’une tâche réalisable. Bien des gens se sont confortablement installés dans la croyance que la perfection du Maître est inaccessible parce que le Maître est divin. Ils considèrent comme absolument inutile
    qu’un autre membre de l’humanité essaye d’imiter les oeuvres merveilleuses de Jésus.

    D’après eux, il ne reste, pour sculpter la destinée d’une vie, rien de meilleur, de plus habile, ou de plus scientifique que la volonté humaine. La doctrine du grand Maître sur ce sujet est claire. Bien qu’il faille un peu de volonté humaine pour démarrer, celle-ci ne joue pas un grand rôle dans l’ensemble. C’est l’intelligence divine qui joue le rôle majeur. Que de fois n’a-t-on pas répété : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous
    affranchira. »

     


    Transposez cela dans le simple monde physique qui nous entoure. Dès que les hommes connaissent à fond une loi physique, ils sont libérés de leur ignorance dans le domaine
    de cette loi. Dès que les hommes ont su que la terre était ronde et tournait autour du soleil, ils ont été libérés de l’idée vétuste d’une terre plate et d’un soleil qui se couche et se lève. Dès que les hommes seront libérés de la croyance qu’ils sont des corps soumis aux lois de la vie et de la mort, ils s’apercevront qu’ils ne sont nullement esclaves de toutes les limitations humaines et peuvent, s’ils le veulent, devenir des fils de Dieu. Dès l’instant qu’ils ont compris leur divinité, ils sont libres de toute limitation et mis en possession de la
    force divine.


    L’homme sait que la divinité est à l’endroit où son être vient le plus directement en contact avec Dieu. Il commence à s’apercevoir que la divinité est la vraie vie de tous les
    hommes. Elle ne s’injecte pas de l’extérieur en chacun de nous. Les idéaux que nous apercevons dans la vie d’autrui prennent racine dans notre propre vie. Conformément à la
    loi divine, ils se multiplient selon leur espèce. Tant que nous croirons à la puissance du péché et à la réalité de ses effets, nos propres vies seront dominées par la punition du péché.

     


    À mesure que nous répondrons à toute pensée d’inharmonie par de véritables pensées de justice, nous préparerons la moisson d’un grand festin spirituel qui suivra avec certitude
    le temps des semailles. Le pardon a donc une double mission. Il libère à la fois l’offenseur et celui qui fait miséricorde, car à l’arrière-plan de la loi de pardon il existe un amour profond et rayonnant, fondé sur un principe. Cet amour désire donner pour le plaisir de donner, sans autre idée de récompense que l’approbation du Père selon ces paroles : « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui je prends mon plaisir. »

     


    Elles s’appliquent à nous aussi bien qu’à Jésus. Vos péchés, maladies, et discordes ne font pas plus partie de Dieu ou de votre vraie personnalité que les champignons ne
    font partie des plantes auxquelles ils s’attachent. Ce sont de fausses excroissances rassemblées sur votre corps à la suite de pensées erronées. L’idée de maladie et la maladie ont un rapport de cause à effet. Supprimez, pardonnez la cause, et l’effet disparaîtra Supprimez les idées fausses, et la maladie s’évanouira.

     


    Telle est la seule méthode de guérison à laquelle Jésus avait recours. Il supprimait la fausse image de la conscience du patient. Pour cela il commençait par surélever les
    vibrations de son propre corps en reliant ses pensées à la Pensée divine.

    Il les maintenait fermement à l’unisson de l’idée parfaite conçue parle Saint-Esprit pour l’homme. Son corps vibrait à l’unisson de Dieu. Il devenait alors capable d’élever au même niveau les vibrations corporelles des malades qui s’adressaient à lui.

    C’est ainsi qu’il éleva la conscience de l’homme à la main desséchée au point où cet homme put supprimer de sa propre conscience l’image de sa main desséchée. Alors Jésus fut en mesure de lui dire : « Étends ta main. » L’homme l’étendit, et elle devint saine. Ayant élevé les vibrations de son propre corps en voyant la perfection divine chez tous, il fut capable d’élever celles du malade jusqu’à enlever complètement de sa conscience l’image de l’imperfection. La guérison, fut instantanée et le pardon total.

     


    Vous découvrirez bientôt qu’en fixant avec persévérance vos pensées sur Dieu, vous pouvez élever les vibrations de votre corps au point où elles se fondent harmonieusement avec celles de la perfection divine. Alors vous ne faites plus qu’un avec elle et par conséquent avec Dieu. Vous pouvez influencer les vibrations corporelles des gens avec qui vous entrez en contact de manière à ce qu’ils voient la même perfection que vous. Vous avez alors rempli complètement votre part de mission divine.

     

     


    Si au contraire vous voyez l’imperfection, vous abaisserez les vibrations jusqu’à provoquer l’imperfection. Vous recueillerez alors inévitablement la moisson de la
    graine que vous aurez semée. Dieu travaille à travers tous les hommes pour exécuter
    son plan parfait. Les pensées d’amour et de guérison qui émanent continuellement des coeurs humains constituent le message propre de Dieu à ses enfants. Telles sont les
    pensées qui maintiennent les vibrations de nos corps en contact avec les vibrations divines et parfaites. Cette graine est la parole de Dieu qui trouve à se loger dans tout coeur
    réceptif, conscient ou non de sa nature divine. Quand nous centrons entièrement nos pensées sur la perfection divine conçue par Dieu pour chacun, nos corps vibrent
    harmonieusement à l’unisson avec la Pensée de Dieu. C’est alors que nous recevons notre divin héritage

    page 206 à 218


    Pour faire pousser la récolte abondante de l’intelligence spirituelle, il faut qu’il en soit continuellement ainsi. Nos pensées doivent en quelque sorte saisir les pensées
    parfaitement harmonieuses de Dieu envers l’homme, son fils bien-aimé. Par notre attitude de pensée, nos actes, et nos paroles par les vibrations ainsi mises en mouvement, nous avons le pouvoir de nous rendre esclaves, ou au contraire de nous libérer, de pardonner les péchés de la famille humaine tout entière. Une fois que nous avons choisi de modeler nos pensées selon une ligne de conduite définie, nous ne tardons pas à nous apercevoir que nous sommes soutenus par l’omnipotence elle-même. Soumettons-nous à la discipline nécessaire pour nous assurer la maîtrise de nos pensées. Cela nous vaudra le glorieux privilège de disposer du pouvoir qui libère de l’esclavage par l’entremise de la pensée divine.

     


    Toutes les guérisons de Jésus étaient basées sur la suppression des causes mentales. Nous autres, nous estimons nécessaire de ramener l’idéalisme de Jésus à la pratique. Ce faisant, nous découvrons ne faire que ce qu’il nous avait commandé. Beaucoup de péchés s’évanouissent dès que l’on a projeté les premiers rayons de lumière dans l’obscurité où ils se conçoivent. D’autres sont plus solidement enracinés dans la conscience, et il faut de la
    patience et de la persévérance pour en triompher. L’amour miséricordieux du Christ finit toujours par prévaloir si nous lui ouvrons largement la porte sans lui susciter d’obstacles.
    Le vrai pardon commence dans le coeur de l’individu. Il apporte pureté et bénédiction à tout le monde.

     


    C’est tout d’abord une réforme des idées. Comprenez que Dieu est la Pensée Unique, pure et saine, et vous aurez fait un grand pas vers l’immersion dans les courants d’idées
    pures. Accrochez-vous fermement à cette vérité que la pensée de Christ trouve un chemin parfait à travers vous. Cela vous installera dans ces courants d’idées constructives
    et harmonieuses. Maintenez-vous toujours dans le flot continu des pensées d’amour que Dieu répand sur ses enfants. Vous ne tarderez pas à voir le monde sous le
    nouveau jour d’un organisme de penseurs. Vous saurez que la pensée est le plus puissant remède de l’univers, le médiateur entre l’esprit divin et les maladies corporelles ou
    inharmonies de toute l’humanité.

     


    Quand une discorde s’élève, prenez l’habitude de vous tourner immédiatement vers la pensée de Dieu, le royaume intérieur. Vous aurez un contact instantané avec les idées
    divines et vous constaterez que l’amour de Dieu est toujours prêt à apporter son baume de guérison à ceux qui le recherchent.


    Jésus a aujourd’hui pour but d’effacer de la conscience humaine le pouvoir du péché et la réalité de ses conséquences. Issu du coeur de l’amour, il vint sur terre avec l’intelligence des relations entre Dieu et l’homme. Il reconnut librement et courageusement que l’esprit est l’unique pouvoir. Il proclama la suprématie de la loi de Dieu. Il enseigna son application à tous les actes de la vie, sachant qu’elle transformerait les hommes défaillants en des êtres rayonnants. Il annonça ainsi le droit à la santé parfaite,
    royaume de Dieu sur la terre. Puis Jast se tut.

     



    2.11.Un coucher de soleil dans, le désert de Gobi. - Histoire
    de l’ancien empire Uigour. - Sa chute. - Le résidu fidèle
     

     

    Le soleil avait disparut derrière l’horizon et le ciel entier flamboyait dans un crépuscule magnifique, précurseur d’une nuit paisible. C’était la première soirée sans vent ni tempête
    depuis dix jours, et nous contemplâmes avec admiration le splendide déploiement des couleurs. Un coucher de soleil par temps calme dans le désert de Gobi peut vous transporter dans une rêverie où l’on oublie tout. Non seulement les couleurs irradiaient et brillaient, mais elles dardaient çà et là de grands rayons comme si des mains invisibles
    maniaient d’immenses projecteurs colorés. Par moments, il semblait que ces mains invisibles cherchaient à montrer toute l’étendue du spectre augmentée d’une gamme de
    nuances obtenues par combinaison.

     


    Une large bande de lumière blanche apparut, suivie d’une large bande de violet se détachant en oblique. Partant de ce violet jaillit une bande d’indigo et à côté d’elle apparut une large bande de bleu. Cela continua jusqu’à ce que l’atmosphère entière parût surchargée de bandes colorées. Celles-ci se combinèrent et se fondirent dans la large bande de lumière blanche qui devint stationnaire. Puis de nouveaux rayons de couleur s’élancèrent en éventail dans toutes les directions. Ils se fondirent progressivement en
    une masse dorée qui fit apparaître les ondulations sablonneuses comme une mer agitée d’or en fusion.

     


    Quand on a assisté à un coucher de soleil pareil, on ne s’étonne plus que le Gobi soit appelé « la terre de l’or fondu ». Le spectacle qui continua pendant une dizaine de
    minutes s’évanouit dans une brume marbrée de bleu, de jaune, de vert, et de gris qui parut tomber du ciel comme un vêtement de nuit. Enfin l’obscurité survint avec une telle
    rapidité que plusieurs d’entre nous tressaillirent de surprise et demandèrent s’il était possible qu’il fasse déjà nuit. Raymond demanda à Bagget Irand s’il voulait nous
    exposer son point de vue sur les peuples qui avaient habité cette région et bâti des villes comme celle dont les ruines se trouvaient sous notre camp. Il répondit : Nous possédons sur ce sujet des écrits jalousement conservés de génération en génération depuis plus de soixante-dix mille ans. D’après ces documents, la cité au-dessus de laquelle nous campons a été fondée il y a plus de deux cent trente mille ans. Les premiers habitants vinrent de l’Ouest bien des années avant la fondation de la ville et colonisèrent le Sud et le Sud-Ouest. À mesure que les colonies se développaient une partie de leurs membres émigra vers le Nord et l’Ouest, et à la fin tout le pays fut habité. Après avoir planté des vergers fertiles et ensemencé des champs, les colons préparèrent la fondation des villes : Au début elles n’étaient pas grandes. Mais au cours des années les colons du pays trouvèrent commode de se réunir dans des centres pour s’associer plus étroitement en vue de pratiquer les arts et les sciences. Ils y bâtirent des temples mais ne les destinèrent pas à l’adoration, car ils adoraient continuellement par la vie qu’ils menaient Leur existence était toujours dédiée à la grande cause de la vie, et, tant que dura cette coopération, la vie ne leur fit jamais défaut.

     


    À cette époque, il était tout à fait habituel de trouver des hommes et des femmes âgés de plusieurs milliers d’années. En fait, ils ne connaissaient pas la mort. Ils passaient d’un accomplissement à l’autre, vers des stades plus élevés de vie et de réalité. Ils acceptaient la véritable source de la vie, et la vie leur prodiguait en échange ses trésors illimités sous forme d’un fleuve continu d’abondance.

     


    Mais j’ai fait une digression. Revenons-en aux temples. C’étaient des endroits où l’on conservait les descriptions écrites de tous les aboutissements dans le domaine des arts,
    des sciences, et de l’histoire, afin de les tenir à la disposition des chercheurs : Les temples ne servaient pas de lieux d’adoration, mais de lieux de discussion sur les sujets
    scientifiques les plus profonds. Les actes et les pensées d’adoration de ces jours étaient effectués dans la vie courante des individus au lieu d’être mis à part pour des
    heures déterminées ou pour des gens sélectionnés. Les habitants trouvèrent commode d’avoir des voies de communication larges et planes. Ils inventèrent donc le
    pavage. Ils trouvèrent également commode de se bâtir des maisons confortables. Ils inventèrent donc l’exploitation des carrières de pierre, la fabrication des briques, et celle du mortier nécessaire pour les maintenir en place, toutes  choses que vous avez déjà découvertes. Ils bâtirent ainsi leurs demeures et leurs temples.

     


    Ils estimèrent que l’or était un métal exceptionnellement utile à cause de son inaltérabilité. Ils trouvèrent d’abord moyen de le tirer des sables aurifères, puis des roches. En dernier lieu ils le manufacturèrent, et l’or devint un métal très commun. Ils produisirent aussi d’autres métaux au fur et à mesure de leurs besoins, et il y en eut en abondance.

     


    Ensuite les communautés ne vécurent plus entièrement de l’agriculture. Elles commencèrent à fournir aux travailleurs du sol des articles manufacturés leur permettant d’étendre leur champ d’opération. Les centres habités  se développèrent jusqu’à devenir des villes de cent à deux cent mille habitants.


    Cependant, il n’y avait pas de chefs temporels, pas de gouverneurs. Le gouvernement était confié à des conseils choisis par les habitants eux-mêmes. Ces conseils échangeaient des délégations avec les autres communautés. On ne promulguait ni lois ni règles pour la conduite des individus. Chacun se rendait compte de sa propre identité et vivait selon la loi universelle qui gouverne cette identité. Les lois humaines étaient inutiles, on n’avait besoin que de sages conseils.

     


    Ensuite, çà et là, des individus commencèrent à dévier. Au début, c’étaient les âmes dominatrices. Elles se poussèrent en avant, tandis que les hommes qui avaient le goût du travail tendaient à s’effacer. La faculté d’amour n’ayant pas été développée complètement par tous, il se produisit une séparation inconsciente qui ne cessa de
    s’accentuer, jusqu’au jour où un homme d’une personnalité extrêmement forte s’instaura roi et dictateur temporel. Comme il gouvernait sagement, les gens acceptèrent sa loi sans penser à l’avenir. Mais quelques-uns eurent la vision de ce qui allait advenir et se retirèrent dans des communautés fermées, vivant dès lors une vie plus ou moins recluse et cherchant toujours à montrer à leurs concitoyens la folie de la séparation.


    Le roi fonda le premier ordre des gouverneurs temporels, tandis que les dissidents formaient le premier ordre monastique. Il faut de profondes études et des recherches très poussées pour s’y retrouver dans le labyrinthe des chemins suivis par les dissidents.
    Quelques-uns conservèrent la doctrine simple et vécurent selon elle. Mais en général, la vie devint très complexe, si complexe même que la majorité refusa de croire qu’il existât
    une forme de vie simple, bien équilibrée, et en coopération directe avec le créateur de toute vie. Les gens ne voient même plus que leur vie est un chemin complexe et rude,
    tandis que la vie simple conforme à la grande cause créatrice apporte l’abondance. Il faut qu’ils continuent dans cette voie jusqu’à ce qu’ils en découvrent une meilleure.

     


    L’orateur s’interrompit et resta un moment silencieux. Une image apparut subitement à nos yeux, immobile d’abord comme celles déjà décrites, puis animées. Les formes commencèrent à se mouvoir et les scènes à changer, soit spontanément, soit à son commandement à mesure qu’il les expliquait. Bagget Irand semblait pouvoir maintenir ces scènes en place ou les reproduire à volonté selon le jeu des questions, des réponses, et des explications données. Il s’agissait de scènes présumées avoir eu lieu dans la cité en ruine au-dessus de laquelle nous campions. Elles n’étaient pas très différentes de celles qu’on observerait aujourd’hui dans une cité populeuse de l’Orient, sauf que les rues étaient larges, et bien entretenues. Les gens étaient bien habillés avec des vêtements de bonne qualité. Ils avaient le visage lumineux et gai. On ne voyait nulle part de soldats, de pauvres, ni de mendiants. L’architecte attira notre attention, car les bâtiments étaient solides, bien construits, et d’apparence très agréable.


    Bien qu’il n’y eût aucune tendance au faste, l’un des temples émergeait dans sa magnificence. On nous informa qu’il avait été construit entièrement par des volontaires et que c’était l’un des plus anciens et des plus beaux temples du pays. Si ces images étaient vraiment représentatives, les gens en général étaient certainement satisfaits et heureux. Il nous fut dit que les soldats et la pauvreté n’apparurent pas avant que le deuxième roi de la première dynastie eût régné plus de deux cents ans. En vue de maintenir le luxe de sa cour, ce roi commença à établir des impôts et à recruter des soldats pour les collecter. Au bout d’une cinquantaine d’années, la pauvreté apparut en des points isolés. C’est vers ce moment qu’une partie de la population se retira, mécontente du royaume et des hommes au pouvoir. Bagget Irand et sa famille prétendaient descendre en ligne droite de cette race. Il était une heure avancée de la nuit et Bagget Irand proposa d’aller se coucher, car il serait plus agréable de partir le matin de très bonne heure. En effet, la chaleur rendait encore le voyage insupportable pendant les trois heures du milieu du jour, et l’époque des tempêtes approchait rapidement.


    Nous suggérâmes une coopération plus étroite pour préparer soigneusement les fouilles que nous avions l’intention d’entreprendre plus tard, et nous décidâmes de les exécuter aussi rapidement que possible. Nous convînmes que cette partie du travail serait confiée à Raymond, tandis que les traductions d’archives seraient poursuivies par
    Thomas et trois assistants dont moi-même. Malheureusement, les fouilles ne furent jamais achevées par suite du décès de Raymond l’année d’après. (page 206 à 218 du Livre des Maîtres de Baird Spalding).

     

    Remarque et documentations

    Cette vaste région de Chine est connue sous divers noms :

    Son nom officiel actuel : Région autonome ouïghour du Xinjiang. Il est dérivé du terme utilisé par les mandchous de Xinjiang.

    Dans l'antiquité, lors de son contrôle par les Kouchans , indo-européens : Empire Kouchan. 

    Sous la dynastie Han , notamment lors du protectorat des Régions de l'Ouest : territoires de l'ouest  (西域)

    Au xviie siècle et xviiie siècle le : Knanat dzoungar, ou, en occident, Tartarie chinoise.  

    Pendant les conquêtes des empires européens : Turkestan oriental ou encore République islamique du Turkestan oriental.

    Après la défaite de l’armée de l’Empire Tang  face aux armées musulmanes, composées d’Arabes, de Tibétains et d’Ouïghours près de la rivière Talas au Kazakhstan (en 751 après Jésus-Christ). Les territoires sont tour à tour contrôlés par l''Empire tibétain  puis les ouïghours.

    page 206 à 218

    Ier au IIIème siècle avant Jésus Christ mais les dates ne sont pas sûres.

    L’Empire kouchan  - francisation de la forme sanskritisée  Kuṣāṇ (sanskrit) fut un État qui, à son apogée, vers 105-250, s’étendait du Tadjikistan à la mer Caspienne et à l'Afghanistan et, vers le sud, à la vallée du Gange. L’empire a été créé par les Kouchan.  Ils ont eu des contacts diplomatiques avec Rome, l'Empire Perse des Sassanides et la chine et,  pendant plusieurs siècles, furent au centre des échanges entre Orient et Occident.

    page 206 à 218

    Monnaie d’or de l’empereur kouchan Kanishka Ier  (avec une représentation hellénistique du Bouddha (sauf pour les pieds écartés, de style kouchan), et le mot "Boddo" en  alphabet grec. Le pouvoir des Kouchans relia le commerce maritime de l’océan Indien et le commerce de la Route de la soie à travers la vallée de l'Indus , cadre d’une civilisation  très ancienne.

    Les relations entre la civilisation de l'Indus et la première culture du sanskrit, qui a produit les textesvédiques de l'hindouisme,   ne sont pas claires. Les plus anciens textes védiques mentionnent un fleuve non identifié nommé Sarasvatît  et décrivent un monde proche de l'utopie  qui vivait sur ses rives. Les textes plus tardifs font quant à eux référence à sa disparition.

    Cependant, comme l'ont noté de nombreux archéologues, il y a quelque chose d'ineffablement « indien » dans la civilisation de l'Indus. Si l'on se base sur la grande quantité de figurines représentant la fertilité féminine qu'ils nous ont léguée, il semble que les peuples de cette civilisation aient vénéré une forme de déesse-mère qui existe dans l'hindouisme contemporain (Shakti, Kâli, etc. ). Leurs sceaux dépeignent les animaux d'une manière qui suggère la vénération, présageant le futur caractère sacré que les hindous attribuent à la vache et à d'autres animaux comme le singe par exemple. Comme les hindous d'aujourd'hui, ils semblent avoir accordé une grande place aux ablutions et une importance notable à la propreté corporelle. La datation reprise par les scientifiques seraient de 6.500 ans avant J.C. mais celle-ci demeure assez floue puisqu'il est dit ailleurs qu'elle remonterait à près de 12.000 ans av. J.C. Nous reviendrons dans un autre article sur le sujet de ces civilisations. 

     

     

    « 23. Trésors et repas miraculeuxLE MONDE KANAK »

  • Commentaires

    2
    Lundi 30 Octobre 2017 à 13:49

    Bonjour Antilope, je pense à toi souvent et j'attendais de tes nouvelles : me voilà comblée j'en reçois aujourd'hui ! Oui, en ce qui concerne le livre actuel mis en ligne, je ne pense pas y mettre les 750 pages qu'il contient. J'espère que ces articles ne sont pas trop denses. Quant aux différentes civilisations, on en voit de nos jours bien barbares par rapport à d'anciennes : comme c'est curieux n'est ce pas ? Reçois toute mon amitié et à très bientôt j'espère de tout coeur ! Coline

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    1
    Antilope
    Dimanche 29 Octobre 2017 à 08:39

     Il y-a de quoi réfléchir après ce longue Écrit. A espérer que beaucoup de lecteurs auront le temps de le lire en entier.

    Mercis Colinne ( Un mail suivra bientôt).

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :